Ce mois-ci, c’est Tout l’opéra (ou presque) (c’est moi) qui organise l’Agenda Ironique. Et qu’est-ce que je demande, me demandé-je, ce mois-ci, eh bien voilà :
Le thème principal sera « les créatures fantastiques ». Je vous propose donc de nous proposer un texte mettant en scène des créatures fantastiques telles que dragons (avec ou sans pommes), licornes, chat qui disparaît ne laissant derrière lui que son sourire ou autres sirènes (liste non limitative).
En contrainte supplémentaire, que diriez-vous d’utiliser des mots tels que calenture, dictame ou phénakistiscope ? Je vous laisse libre du choix de la forme : pièce de théâtre (avec ou sans didascalie), opéra, nouvelles, poème ou toute autre forme qu’il vous plaira d’utiliser.
Quand j’étais jeune, je collectionnais les mots rares, ceux qui étaient sortis des dictionnaires courants. Et comme les profs de français n’avaient pas réussi à me dégoûter de Baudelaire, de temps en temps je tombais chez ce poète sur de tels mots rares, comme calenture ou dictame. (En fait, je suis injuste quand j’écris cela, car j’ai eu de bons professeurs de français. C’est seulement quand j’ai passé l’oral du bac, sur un poème de Baudelaire justement (« l’Invitation au voyage »), que je suis tombé sur une véritable harpie, qui voulait me faire tuer ce poème en le disséquant dans une analyse mot à mot. (Les harpies étaient des divinités grecques de la vengeance divine, au corps d’oiseau et à la tête de femme. À la différence des sirènes, leur chant n’était pas du tout mélodieux.)
Mais, pour revenir à mes mots rares mémorables, on trouve dans le Vin des amants ce quatrain :
Comme deux anges que torture
Une implacable calenture,
Dans le bleu cristal du matin
Suivons le mirage lointain !
Baudelaire, fumeur d’opium, considère sa drogue comme un puissant dictame. On en trouve un dans « La Pipe » :
Et je roule un puissant dictame
Qui charme son cœur et guérit
De ses fatigues son esprit.
Ou encore dans l’extraordinaire « Tout entière » :
Quel est le plus doux. » – Ô mon âme !
Tu répondis à l’Abhorré :
» Puisqu’en Elle tout est dictame,
Rien ne peut être préféré.
Et que dire encore du poème « une Gravure fantastique » inspiré par une gravure de Hayhnes représentant un des quatre cavaliers de l’Apocalypse, Death on a pale horse.
Ce spectre singulier n’a pour toute toilette,
Grotesquement campé sur son front de squelette,
Qu’un diadème affreux sentant le carnaval.
Sans éperons, sans fouet, il essouffle un cheval,
Fantôme comme lui, rosse apocalyptique
Qui bave des naseaux comme un épileptique.
Au travers de l’espace ils s’enfoncent tous deux,
Aux fêtes, saviez-vous que Baudelaire était ami avec Félix Tournachon, dit Nadar, et que ce dernier a pris de nombreux clichés photographiques de Baudelaire ?
Eh bien, si vous collez les différents portraits de Baudelaire sur le pourtour d’un cylindre que vous ferez tourner autour de son axe, et que vous observez les photos défiler devant une fente que vous aurez pratiquée à cet effet, vous obtiendrez ainsi l’illusion du mouvement, et au passage, vous aurez réinventé le phénakistiscope !
Tout l'opéra (ou presque) 
sujet parfaitement maîtrisé Jean-Louis ! plus difficile de rattacher des mots à des personnalités que de les lâcher dans nos errements épistolaires ! chapeau !
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Merci Hélène !
Il n’était pas facile ce sujet. Je me demande où ils vont chercher tout ça. 😉
Je te souhaite une bonne soirée.
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je me pose la même question 😀 Bonne soirée à toi aussi
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Fan absolu du vilain Charles*, je cède la place au Fab’ Luchini pour t’adresser mon commentaire sur ce billet phéoménal : « C’est énoOOoorrrhme !! »😂🤓
*Un personnage si bien campé par Jean Teulé, dans son « Crénom, Baudelaire ! »
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Si tu es fan aboslu du vilain Charles, je te conseille, si tu ne connais pas encore, l’extraordinaire « Mademoiselle Baudelaire » une BD de Hislaire (éd. Dupuis 2021), où l’auteur dessinateur raconte la vie de Baudelaire au travers d’une lettre que Jeanne Duval, la Vénus noire, aurait écrit à la mère de Charles.
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J-y cours !
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En fait, oui… Répondu trop vite. Ecrit très controversé.
Pas de quoi ébranler mon regard ami sur ce monstre…
T’es vraiment incomparable, mec ! Parole de khâgnieu !🤓
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En tout cas, moi, ça m’a plu ! 😀
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Tu nous livre là un AI très expert. C’est à la fois un AI et un poème illustré. Heureusement qu’il n’y avait pas valétudinaire ou avelinaire.
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C’est rigolo, parce que dans mes mots (presque) rare, j’avais aussi l’avelinier !
Bonne journée, John duff.
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Je sais bien :-) c’est bien pour cela que je l’ai utilisé. Valétudinaire, il ne faisait pas partie de la liste ?
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Si, si, avec cacochyme !
Bon dimanche, John duff.
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Aux fêtes, john duff, je suis allé voir Tristan mercredi, et ça m’a beaucoup plu !
Les 8 première minutes, avant le prélude, peuvent surprendre, mais ça permet au metteur en scène d’exposer sa méthode.
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Ouksa ?
(Il se trouve que j’ai fait partie du chœur, quand j’avais à peu près douze ans, à Caen – Robert Weddle pour chef…)🔥 (adolescente).
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À Lille ! Dans le cadre du centenaire de cette vénérable institution qu’est l’Opéra de Lille.
(Au programme cette année (pour l’opéra) : Don Giovanni, Tristan & Isolde, et la Chauve-souris (en mai prochain).
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Moi bientôt, jeudi 21
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Cette analyse poétique de Baudelaire est surprenante et très intéressante. Voilà encore une autre façon d’aborder cet AI qui nous fait naviguer un peu partout. Merci de nous avoir emmenés à ta suite, même pas besoin de drogues 😉
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Baudelaire, Mallarmé, Verlaine… Quand c’est beau, c’est beau !
Bonne journée, Bernadette.
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D’accord pour disséquer les harpies mais pas les poèmes. Magnifique Invitation au voyage !
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Si Baudelaire a été photographié par Nadar, sache qu’il a aussi été peint par son ami…Courbet.
En tout cas, on fréquente du beau monde, chez toi !
Merci pour ces mots rares, qui revivent soudain (normal, me direz-vous, c’est Pâques ;-).
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Oui, Courbet ! Si j’ai cité Félix Tournachon ici, c’était pour pouvoir placer le phénakistiscope.
Mais je suis en train de relire et corriger le texte de mon second livre, qui sera consacré aux écrivains, dramatugres, et librettistes, et j’ai rajouté Courbet dans la liste de son cercle d’amis. Il faut aussi que dans mon billet sur Baudelaire, qui date de 2019, je mentionne sa maîtresse Jeanne Duval, la Vénus noire.
Bonne journée.
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