littérature, Oulipo, Poésie

LE BATEAU IVRE, de RIMBAUD (Quatrains 21 à 25)

Après les première , deuxième, troisième et quatrième tranches du Bateau ivre d’Arthur (Arc-en-ciel) Rimbaud, voici la cinquième et dernière tranche, soit les quatrains 21 à 25. (Rappel du principe, je prends un poème parmi mes préférés, et j’illustre les images évoquées par ce poème par des citations musicales en rapport avec ces images.)

Aujourd’hui donc, la suite et la fin de ce morceau de bravoure. Ce poème étant assez vaste dans ses proportions (vingt-cinq quatrains, soit cent vers, ou encore 1200 pieds, et donc l’équivalent de 1,2 myriapode), je dois le découper en fines tranches pour le traiter entièrement, au fil des mois (Arthur, si tu me lis, pardonne-moi !).

Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues
Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais,
Fileur éternel des immobilités bleues,
Je regrette l’Europe aux anciens parapets !

Milhaud l'Enlèvement d'EuropeCliquez sur l’image

J’ai vu des archipels sidéraux ! et des îles
Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur :
– Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t’exiles,
Million d’oiseaux d’or, ô future Vigueur ?

Rimski-Korsakov le Coq d'orCliquez sur l’oiseau d’or

Mais, vrai, j’ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
Toute lune est atroce et tout soleil amer :

Berg Wozzeck final (MET)Cliquez sur l’image

L’âcre amour m’a gonflé de torpeurs enivrantes.
Ô que ma quille éclate ! Ô que j’aille à la mer !

Si je désire une eau d’Europe, c’est la flache
Noire et froide où vers le crépuscule embaumé

Berlioz la Damnation de Faust Merci, doux crépusculeCliquez sur l’image

Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche
Un bateau frêle comme un papillon de mai.

Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames,
Enlever leur sillage aux porteurs de cotons,
Ni traverser l’orgueil des drapeaux et des flammes,
Ni nager sous les yeux horribles des pontons.

Citations musicales :

l’Europe : Milhaud, l’Enlèvement d’Europe.

Oiseaux d’or : Rimsky-Korsakov, le Coq d’or.

Toute lune est atroce : Berg Wozzeck.

le crépuscule embaumé : Berlioz, la Damnation de Faust.

9 réflexions au sujet de “LE BATEAU IVRE, de RIMBAUD (Quatrains 21 à 25)”

    1. J’adore ce poème, et il fut un temps où je le connaissais par cœur.
      Je suis un peu géné de l’avoir ainsi tronçonné, parce que pour bien le saisir, il faut le lire, ou l’entendre dans sa continuité.
      Maintenant, pour ce qui de saisir le sens d’un poème, il faut au être au moins professeur de français pour oser se targuer d’un tel exploit !
      Bonne soirée, et bonne braderie, John Duff.

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  1. Merci Jean-Louis pour cette mise en musique d’un grand poème de notre littérature…
    J’ai découvert grâce à ce billet « L’Enlèvement d’Europe » de Darius Milhaud et ça m’a plu !
    Sinon, je pense qu’on peut comprendre le sens d’un poème sans être prof de français… ou alors ce serait bien triste et décourageant pour les poètes, de n’écrire que pour les profs ! 🙂
    Bonne journée à toi !

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    1. Bonjour Marie-Anne.
      Je pense comme toi qu’on peut saisir le sens d’un poème sans pour autant être professeur de français. Ma remarque était plutôt un coup de griffe envers ces professeurs qui pensent que leur rôle est de dégouter les élèves de la matière qu’ils enseignent (j’en ai connu). Personnellement, je n’ai commencé à lire et apprécier de la poésie que quand je n’ai plus eu à subir ces personnes, coupables de mettre des mauvaises notes aux élèves qui n’étaient pas capables de réciter par cœur (et sans comprendre) les explications enseignées.
      Bonne soirée.

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      1. Bonjour Jean Louis. Je comprends ! J’ai eu moi aussi des profs de français de ce genre ! L’enseignement de la poésie à l’école n’est pas une réussite, c’est sûr. Et puis souvent le choix des poèmes étudiés est assez neuneu. Bonne journée à toi 🙂

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