Créé en 1640 à Venise, Il Ritorno d’Ulisse in Patria fut ensuite perdu pendant 240 ans, avant qu’on en retrouve un manuscrit à Vienne en 1880. La partition de Claudio MONTEVERDI est dominée par le style récitatif (monodie). Le livret est du Vénitien BADOARO, écrit sur les chants 13 à 24 de l’Odyssée d’HOMÈRE.
Suivant les choix musicologiques du chef, le Retour d’Ulysse dans sa Patrie peut être découpé en un prologue et deux ou trois (voire quatre) actes.
Prologue : L’allégorie de la Fragilité humaine dialogue avec les trois tourments de l’homme que sont le Temps, la Fortune et l’Amour.
Acte I : Dans son palais, Pénélope exprime son chagrin et sa peur du temps qui passe sans Ulysse. Son mari est parti en Grèce se battre à cause d’une femme adultère, la belle Hélène, et a laissé sa femme seule, en proie à la concupiscence des autres. Elle aspire à son retour. Sa vieille nourrice lui dit qu’elle devrait renouer avec l’amour, et que ce ne sont pas les prétendants qui manquent dans son palais. Suit une scène entre Melantho, une jeune servante de Pénélope et Eurymaque, dans laquelle ils chantent l’amour (Duo : « Deo nostri amor concordi »).
Cliquez sur Melantho et Eurymaque
Neptune ne veut pas pardonner la traîtrise des hommes. En effet, furieux contre Ulysse qui avait tué son fils, le cyclope Polyphème, il s’était juré d’empêcher Ulysse de rentrer chez lui à Ithaque. Il en appelle à Jupiter contre les Phéaciens qui ont déposé Ulysse, endormi, sur les rivages d’Ithaque, contre sa volonté divine. Jupiter lui donne raison. Neptune jette un sort à Ulysse, pour qu’il ne reconnaisse pas son île. À son réveil, Ulysse ne reconnaît pas Ithaque, et pense être sur une île inconnue. Minerve, sous les traits d’un jeune berger, lui apprend qu’il est à Ithaque, et se révèle à lui comme la déesse qui l’a toujours protégé. Elle l’envoie à une fontaine, dont l’eau lui donne l’apparence d’un vieillard, pour qu’on ne le reconnaisse pas, et l’envoie rencontrer Eumée, un vieux porcher qui lui est resté fidèle. Elle va elle-même ramener à Ithaque Télémaque, le fils d’Ulysse parti à la recherche de son père et qui vient de rentrer.
Eumée et Ulysse accueillent Télémaque, mais devant le chagrin exprimé par celui-ci, Ulysse dévoile son identité, et Ulysse et de Télémaque chantent leur bonheur (Duo : « Mortal, tutto confida »).
Cliquez sur Télémaque et Ulysse
Acte II : Dans le palais de Pénélope, Melantho et Eurymaque discutent de la folie de Pénélope, qui refuse de prendre un amant pour remplacer Ulysse. Ils sont rejoints par trois prétendants enjoignant à Pénélope d’aimer à nouveau. Toujours fidèle, elle refuse leurs avances.
Eumée annonce le retour de Télémaque à la reine, et dit qu’Ulysse ne va pas tarder à revenir. Les prétendants, craignant le danger, décident d’assassiner Télémaque à son retour.
Télémaque raconte son séjour à Troie à sa mère, et lui révèle qu’Ulysse est vivant et qu’il va bientôt revenir. Eumée est insulté par les prétendants mais Ulysse, toujours déguisé, prend sa défense et se bat en duel contre le gros Irus. Ulysse gagne et Pénélope prend le vieillard sous sa protection.
Les prétendants redoublent d’efforts, mais poussée par Minerve, Pénélope leur propose un concours, promettant sa main et le royaume d’Ulysse à celui d’entre eux qui réussira à bander l’arc d’Ulysse. Après l’échec des prétendants, Ulysse demande à participer. Il prend l’arc et tue les prétendants.
Eumée affirme à Pénélope que ce vieil homme est Ulysse, mais Pénélope ne le croit pas.
Sur la mer, les dieux discutent : Junon demande à Jupiter qu’Ulysse puisse retrouver la paix, mais il faut d’abord que Neptune calme son courroux. Neptune accepte.
Dans le palais, Ulysse et Pénélope sont seuls. Ulysse arrive sous sa forme réelle, mais Pénélope, le prenant pour un magicien, ne le croit toujours pas. La vieille nourrice d’Ulysse qui, en le lavant, a reconnu Ulysse à une cicatrice qu’il a au pied, ne réussit pas plus à convaincre Pénélope. Enfin, Ulysse décrivant les draps nuptiaux, Pénélope est convaincue (Air : Illustratevi, o Cieli). Ulysse et Pénélope tombent dans les bras l’un de l’autre.
Cliquez sur Pénélope et Ulysse enfin réunis
(Source principale : je me suis beaucoup servi pour rédiger ce billet de l’enregistrement en public réalisé à Zurich par Nikolaus Harnoncourt, paru chez ArtHaus Musik 2002)
Un bien bel opéra
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N’est-ce pas ?
Et l’Orfeo est encore plus beau !
Bonne fin de journée, John Duff.
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Toutes ces musiques me plaisent. J’ai un faible pour le concert d’Astrée et Emiliano Gonzalez Toro.
Cette histoire d’Ulysse fonctionnera toujours. Il est impossible de lui rester insensible. Monteverdi l’a bien servi.
Merci Jean-Louis. Encore une belle page.
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J’étais tout content de trouver cet extrait par le concert d’Astrée, j’adore ces moments où les artistes se font plaisir en nous faisant plaisir.
Bonne fin de journée, Régis.
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Ulysse, ou l’archétype du mari qui rentre à la maison à l’aube naissante et qui raconte tout un tas de salade pour se justifier 🙂
parmi les péripéties de son retour, il y a quand même les sept ans qu’il passe chez (et avec) la très belle Calypso : pas exactement péril et souffrance ! 🙂
mais la musique est magnifique
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Heureux qui comme Ulysse… tu connais la suite. Mais j’suis pas sûre qu’errer pendant une décennie en mer, ça me brancherait autant que ça. Quand bien même j’adore la mer, je ne l’envie pas, moi, le père Ulysse, et encore moins la mère Pénélope à faire et défaire sans cesse son tissage, comme ça à longueur de temps, chaque jour et chaque nuit que Dieu fasse (au fait, elle dort quand ? Question que l’on pourrait se poser. Et qui n’est d’ailleurs pas la seule, car je me demande bien ousqu’ils ont été cherché le prénom de leur filston, Télémaque ? » A coucher dehors avec un billet de logement » comme dirait ma grand-mère)…
Cela dit, il a assuré Claudio Monteverdi. Quel bel opéra ! Le premier duo, « Deo Nostri amor concordi », le second, « Mortal, tutto confida », c’est juste magnifique. Y compris, la toute première vidéo, « il ritorno d’Ulisse in patria » que j’ai ecoutée plusieurs fois depuis hier… Tout est top.
Allégorie, allégorie… tiens, ça me rappelle qq chose 😊
Un bien beau billet en tout cas. Félicitations et merci J-L. Bonne journée de vendredi à toi. Ben oui, je sais que le librocubiculariste que tu es, doit déjà être sous la couette avec un bon bouquin Tu ne liras donc ce commentaire que demain matin. Alors à demain.
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Gagné, je n’ai lu ce commentaire que ce vendredi matin !
Monteverdi, c’est vraiment très beau dans sa (fausse) simplicité. J’en ai chanté pas mal dans mes premières années de choriste.
Je te souhaite un excellent vendredi.
(Tu fais le pont ou tu travailles, aujourd’hui ?)
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