Cinéma, Mes opéras préférés

L’ANGE EXTERMINATEUR d’ADÈS (2016)

L’Ange exterminateur (The exterminating Angel) est le troisième opéra du compositeur anglais Thomas Adès (né en 1971). Créé en 2016 au Festival de Salzbourg, son argument est tiré du film (presque) surréaliste de Luis Buñuel datant de 1962, film que le compositeur avoue avoir connu et apprécié très tôt. Il a été repris dès 2017 par le MET. Dans cette œuvre, Adès a confié le chant de l’Ange exterminateur (que l’on ne voit jamais) aux ondes Martenot, ce qui donne un contrepoint très intéressant aux parties chantées.

Le pitch : Huis clos dans un intérieur bourgeois.

La musique commence avant même le début du spectacle, par des cloches que l’on entend dans le théâtre.

Acte I : À l’issue d’une représentation de Lucia di Lammermoor, un groupe de bourgeois sont invités à dîner chez Edmundo et Lucia Nobile, un marquis et son épouse. Avant que les invités n’arrivent, les domestiques quittent la maison.

Parmi les invités figurent Leticia, la cantatrice, Silvia, une duchesse veuve, Francisco, son frère, Blanca, une pianiste, et Alberto, son mari et chef d’orchestre. Beatriz et Eduardo son fiancé, un explorateur, un colonel et un docteur et le senor Russell.

Edmundo lève son verre à la cantatrice, mais Silvia et Francisco se moquent de la « fiancée vierge de Lammermoor ». Tout ce petit monde plaisante et s’amuse. Blanca se met au piano, Leonora flirte avec le docteur qui confie à un des hôtes que Leonora n’a plus que quelques heures à vivre. Quand Blanca a fini de jouer du piano, on demande à Silvia de chanter quelque chose.

Cliquez sur l’image

La soirée se termine et quelques invités s’apprêtent à partir. Lucia retrouve son amant, le colonel. Bizarrement, malgré l’heure tardive, personne ne part. Edmundo offre un couchage à ceux qui veulent rester. Eduardo et Beatriz s’apprêtent à passer leur première nuit ensemble.

Acte II : Le lendemain matin, tout le monde se réveille. Silvia raconte un cauchemar qu’elle a fait. Le docteur se rend compte qu’un des invités est à l’agonie. Julio, le maître d’hôtel (le seul domestique à être resté) à qui on demande de servir le petit-déjeuner annonce que les fournisseurs ne sont pas passés. Lucia veut conduire les femmes dans sa chambre pour une petite toilette matinale, mais elles ne parviennent pas à franchir le seuil de la pièce. Bianca s’inquiète pour ses enfants, mais n’arrive pas pour autant à partir.

Julio arrive avec du café, mais Francisco se plaint : il n’y a pas de cuillère à café, seulement des cuillères à thé, et comment pourrait-il touiller son café avec une cuillère à thé ? Julio, qui voudrait retourner à l’office, n’arrive pas lui non plus à franchir le seuil du salon.

Cliquez sur Francisco

Blanca se met au piano et commence une chanson étrange et envoûtante.

Cliquez sur un air étrange et envoûtant

Le soir, Russell est tombé dans le coma, et le docteur n’a pas de médicament pour le soigner. Les invités commencent à avoir peur : il n’y a plus rien à boire et l’extérieur semble les avoir oubliés. Soudain, Russel sort de son coma, soulagé de n’avoir pas été victime d’une « extermination ».

Beatriz ne veut pas mourir au milieu des autres, elle préférerait le faire seule avec son fiancé. Russell meurt pendant la nuit. Le docteur et le colonel cherchent à dissimuler le cadavre pendant qu’Eduardo et Beatriz les observent.

Cliquez sur Blanca, Silvia et Leticia

Acte III : À l’extérieur, une foule se presse devant la maison, surveillée par la police? Ils ne comprennent pas pourquoi ils ne peuvent entrer.

Lucia et Blanca creusent des trous dans le salon pour puiser de l’eau dans les tuyaux de la maison. Les invités se bousculent sans ménagement pour boire. Les relations entre les protagonistes se tendent et Raul accuse Francisco d’avoir une relation incestueuse avec sa sœur.

On commence à s’en prendre à Nobile, disant que tout ce qui se passe est de sa faute. Après tout, n’est-ce pas lui qui a eu l’idée de les inviter chez lui ?

Cliquez sur Lucia et le colonel

Leonora qui souffre de violentes douleurs demande au docteur de l’aider. Dans sa fièvre, elle est prise d’hallucinations et voit une main géante qui cherche à l’étrangler.

Le chef d’orchestre harcèle Leticia, mais détourne les soupçons sur le colonel.

Soudain, Yoli, le fils de Silvia, apparaît avec son précepteur, le père Sanson, et les domestiques disparus.

Edmundo essaye de faire griller de la viande dans son salon. Leonora cherche à accomplir un rituel avec Blanca et Letitia, mais celui-ci échoue. Leonora déclare qu’il faut du sang innocent. On découvre les cadavres d’Eduardo et de Beatriz.

Silvia croit bercer son garçon pour l’endormir et lui chante une berceuse étrange.

Cliquez sur Silvia

Petit à petit, l’idée d’un sacrifice humain se répand dans l’assemblée. Edmundo, l’hôte, est désigné comme coupable. Le docteur cherche à les faire changer d’avis, mais Edmundo se dit prêt pour le sacrifice.

Soudain, Leticia a une intuition, elle s’aperçoit que chacun se retrouve exactement à la place qu’il occupait au début. Elle demande à la pianiste de rejouer, à la chanteuse de rechanter. Quand celle-ci s’exécute, la situation redevient normale et les convives peuvent enfin se diriger vers le seuil du salon, au son d’un requiem. Mais parviendront-ils à sortir ?

(Source principale : la production de l’opéra de Paris de 2024, et le programme associé.)

4 réflexions au sujet de “L’ANGE EXTERMINATEUR d’ADÈS (2016)”

  1. Quel drôle d’opéra, cela ne ressemble pas à grand-chose de connu. Ceci-dit, j’ai bien aimé. L’histoire est riche et foisonnante, la musique et les chants très bon, la mise scéne inventive. J’aime bien l’idée que derrière des bonnes manières de rigueur, les êtres humains restent des animaux égoïstes.

    J’aime

    1. Oui, j’ai beaucoup aimé, même si la mise en scène était parfois outrancière.
      Et la présence de Thmas Adès à la baguette était certainement un plus.
      J’ai aimé notamment le dernier grand air pour soprano, air qui est repris (je crois) dans le requieme final, mais avec une orchestration différente.
      Bonne journée, John Duff.

      J’aime

  2. Intéressant autant qu’étrange ! Une intrigue vraiment surréaliste ! Je n’ai pas vu ce film de Bunuel mais j’aime ce réalisateur. C’est toujours bien, les ondes Martenot et ça colle bien à l’étrangeté générale.
    Bonne journée Jean-Louis !

    J’aime

    1. Effectivement une atmosphère très étrange, très bien rendue par Thomas Adès lui-même à la baguette dans les premières représentations à l’Opéra Bastille. J’ai été moins enthousiasmé par la mise en scène, un peu excessive voir provocatrice, mais si le chef et compositeur étaient d’accord, je n’ai rien à dire !
      Bonne soirée, Marie-Anne.

      Aimé par 1 personne

Répondre à duff john Annuler la réponse.