
Jeanne Thieffry naît le 7 janvier 1886 à Lille. Issue d’une famille modeste, elle manifeste son intérêt pour la musique dès l’âge de 7 ans.
Elle assure sa formation musicale au Conservatoire de Lille : prix de solfège à 11 ans, prix de piano à 15 ans, prix d’harmonie à 18 ans ! Sa première composition, un Andante pour quatuor et piano, date de 1899.
En 1904, Jeanne épouse un peintre, Salomon Clément Robert. Celui-ci se suicide et Jeanne Thieffry se retrouve veuve à 20 ans.
Brillante pianiste, elle se produit à Lille et à Paris, où elle devient l’élève d’Alfred Cortot.
En 1910-1911, elle suit des cours de contrepoint et de fugue à la Scola Cantorum de Vincent d’Indy à Paris, auprès d’Auguste Serieyx.
À la fin de la Première Guerre, Cortot lui propose d’enseigner le piano à l’École normale de musique de Paris qu’il venait de fonder. Elle a ainsi l’occasion de rédiger les Cours d’interprétation d’Alfred Cortot, une synthèse de 15 ans de travail auprès du maître. Ce livre sera salué par de nombreux pianistes, comme le prouve cette lettre de Wladimir Jankelevitch à Jeanne Thieffry. Il sera traduit en anglais, en espagnol et en italien.

Outre ses œuvres pour piano comme Flandre ou un Choral qu’elle dédie à Cortot, Jeanne Thieffry met en musique les poètes qu’elle apprécie, Verlaine, Gautier ou Klingsor ou son compatriote Albert Samain.
En 1923, lors du concert d’ouverture du nouvel opéra de Lille, elle joue Cloches et Carillons, extrait de son œuvre maîtresse Flandre, dédicacée au roi des Belges.

Jeanne doit quitter Paris pour s’occuper à Lille de sa mère malade. Ceci la coupera petit à petit du milieu parisien de la musique.
Parallèlement à son travail de pédagogue, Jeanne anime pendant 30 ans sur Radio Lille l’émission l’Art du piano.
Outre son activité de musicienne, Jeanne Thieffry était également poétesse et peintre.

Ses talents pour la peinture font que ses amis la poussent à quitter la musique pour se consacrer au dessin et à la peinture.

Ses poésies étaient publiées régulièrement dans la Revue septentrionale, le bulletin des Rosati du nord de la France. Jeanne Thieffry obtient la récompense suprême avec la rose d’or des Rosati, en 1946 pour son poème Le Beffroi.
La fin de la vie de Jeanne Thieffry est triste. Oubliée de tous, elle survit grâce aux Petits frères des pauvres et Jeanne Thieffry meurt à Lille le 25 décembre 1970, à l’âge de 84 ans. Sur son acte de décès figure la mention « sans profession » !
(Sources principales : l’exposition de la bibliothèque municipale de Lille, visible jusqu’au 30 mars 2024, et le catalogue de ses œuvres, disponible sur le site internet de cette bibliothèque.)
Et si vous voulez d’autres articles consacrés aux compositrices, cliquez ICI.

quelle tristesse ! si l’Art menait toujours à la fortune ça se saurait ! bon week-end à venir Jean-Louis
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Merci Hélène, bon ouikènde à toi aussi.
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C’est fou que l’on puisse terminer sa vie comme ça, alors qu’on a été une grande artiste ! Cela me révolte.
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Il y en a eu d’autres avant elle, comme Vivaldi qui est à mort à Vienne dans l’oubli et l’indifférence la plus totale.
Mais tu as raison, c’est toujours révoltant !
Bonne journée, Julie.
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le talent (les talents, dans son cas), même reconnu(s) et la fortune ne sont pas synonymes…
merci, Jean-Louis, de nous faire connaitre cette artiste !
et bon ouiken’
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Artiste dont il n’existe malheureusement aucun enregistrement !
Bonne journée, Jérôme.
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Pas d’enregistrement. Et ses poèmes, qu’en reste-il ?
« Une vie, quelques jours et puis plus rien » écrivait Guy de Maupassant…
Destinée, c’est d’une tristesse ! La gloire, la fortune, on s’en fout, mais l’oeuvre….
Enfin bref, mais toi, alors, comment l’as-tu « connue » ? Avant le super concert d’avant-hier, je suppose…
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En fête, j’ai croisé la route de Jeanne Thieffry il y a déjà quelques mois, dans le cadre de l’année du centenaire de l’opéra de Lille. Jeanne Thieffry a joué une de ces pièces (et une pièce de Moussorgski) lors du concert d’inauguration de cet opéra, il y a un siècle.
Et la médiathèque municipale de Lille a organisé une exposition autour d’elle (très bien faite, cette exposition), exposition que j’ai visitée dès son ouverture, évidemment.
Voilà, tu sais tout, SOlène.
Bonne journée (ensoleillée ?) 🎼🌞📚
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Merci Jean-Louis. C’est bien interessant tt ça. Et je me repencherai via ton blog sur le cas de cette compositrice…
En tout cas, en plus d’être une belle ville, Lille vous gate sur le plan de la culture.
Bel après-midi à toi aussi, J-L. A bientôt !
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C’est vrai qu’il se passe toujours beaucoup de choses à Lille et dans ses environs.
Je suis repassé à la médiathèque Jean Levy cet après-midi pour consulter le catalogue des œuvres de Jeanne Thieffry.
Ses poèmes ont été publiés dans des revues et des anthologies régionales, et on doit pouvoir les trouver sur le site de la médiathèque.
Très bonne Soirée à TOi, SOlène.
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Merci J-L. A toi, tout pareillement 😊🙏
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PS: que je te raconte. Deux fois j’ai pu liker deux de tes précédents billets. Mais aussi par deux fois, ce Jetpack, m’a demandé de me connecter pour que je puisse commenter après. Problème, j’ai oublié mon mot de passe ( d’puis le temps! )… Et voilà qu’aujourd’hui, ça passe les doigts dans le nez !
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Oui, WordPress (et son copain Jetpack) sont de plus en plus capricieux. Il arrive souvent que les commentaires soient attribués à une certaine Anne O’nyme, ce qui fait que s’ils ne sont pas signés, je ne sais pas qui les a écrits !
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Quelle artiste attachante. Il lui a peut-être manqué un peu de chance.
John Duff
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Un peu de chance, peut-être.
Le fait d’avoir déserté la scène parisienne, aussi.
Et le fait d’être une femme compositrice, dans un milieu où ça ne se faisait pas trop encore…
En tout cas, l’exposition de la médiathèque municipale (jusqu’à fin mars) est bien intéressante.
Et normalement, je devrais faire aussi une intervention en avril ou en mai autour de sa cariière, et plus généralement sur la place des compositrices dans l’histoire de la musique. Je te tiendrai au courant.
Bonne journée, John Duff.
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Quel triste destin. Musique, peinture, poésie, on dirait qu’elle avait tous les talents – mais peut-être trop !
Bonne journée Jean-Louis.
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Beaucoup de talents, en effet, et puis mourir dans l’oubli le plus total !
Bonne journée, Marie-Anne.
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