Nous avions laissé notre ami l’Opéra de Paris en 1939, avec la création de la Réunion des théâtres lyriques nationaux (RTLN) et l’absorption de l’Opéra-comique.
Pendant la guerre, les Allemands continuent à faire vivre les principales salles de spectacles parisiennes, dont l’Opéra de Paris. C’est ainsi que Herbert von Karajan y dirige des concerts en 1941 et 1942 avec son Orchestre Philharmonique de Berlin.
En 1945, Reynaldo Hahn est directeur de l’opéra Garnier où il restera jusqu’à sa mort en 1947. La période qui suit n’est pas forcément très intéressante, avec une troupe, chanteurs et danseurs, qui font vivre le répertoire. Il faut attendre l’arrivée de Rolf Liebermann en 1973 pour secouer un peu la grande maison. Il dissout la troupe de chanteurs pour se tourner vers une politique de chanteurs invités. En 1978, la RTLN disparaît et la salle de l’Opéra-Comique (Favart) devient la seconde scène de l’Opéra de Paris. Rolf Liebermann fait appel à des metteurs en scène venant du théâtre, Giorgio Strehler (Les Noces de Figaro), Jorge Lavelli (Faust), Patrice Chéreau (Lulu), proposant des lectures « nouvelles » des grands classiques, pas toujours bien accueillies par un public plutôt conservateur.
C’est Liebermann qui commande à Olivier Messiaen son Saint-François d’Assise.
En 1980, Rolf Liebermann est remplacé par Bernard Lefort.
En 1982, le président François Mitterand décide la construction d’un nouveau bâtiment, à la jauge beaucoup plus importante que le palais Garnier. Ce sera l’opéra Bastille, qui sera inauguré en 1989.
La période Jean-Louis Martinoty (1986-1989) est particulièrement intéressante, avec la création de nombreuses œuvres, comme l’Écume des jours d’Edison Denisov (1986) d’après le roman de Boris Vian ou le Maître et Marguerite (1989) de York Höller. Martinoty signe aussi la mise en scène d’Atys de Lully, qui a révélé au grand public William Christie et ses Arts florissants.
Martinoty est remplacé par Pierre Bergé, nommé par Jack Lang alors ministre de la Culture. Bergé, qui assurera le lancement de la grande machine qu’est l’Opéra Bastille restera en fonction jusqu’en 1994, avant d’être remplacé par Hugues Gall de 1995 à 2004, le sénateur Jean-Paul Cluzel assurant l’intérim entre les deux hommes.
De 2004 à 2009, c’est Gérard Mortier, ancien directeur de la Monnaie de Bruxelles et du prestigieux Festival de Salzbourg, qui prend les rênes de l’Opéra de Paris. Ses choix de metteurs en scène provoquent parfois des polémiques, mais il commande des œuvres à Kaija Saariaho ou Philippe Boesmans. Il sera suivi de 2009 à 2014 par Nicolas Joël.
En 2014, c’est le début de l’ère Lissner (Stéphane Lissner). Dans une de ses déclarations d’intention, Stéphane Lissner déclare « Il faut provoquer intellectuellement ». Malheureusement, ce goût de la provocation l’amène à choisir des metteurs en scène à la conscience professionnelle douteuse, qui déconstruisent systématiquement les histoires qu’ils sont censés nous raconter pour imposer à la place leurs propres fantasmes, parfois très éloignés des intentions des librettistes ou des compositeurs qu’ils sont censés servir. Cela conduira à une désaffection du public, qui liée aux coûts démesurés de certaines productions, va mettre en grand péril les finances de l’Opéra. En 2020, avec la crise du COVID, la situation budgétaire n’est plus tenable et Stéphane Lissner démissionne. Notons toutefois à son actif la mise en place des avant-premières destinées aux jeunes de moins de 28 ans, à des prix très attractifs, pour renouveler et rajeunir le public de l’opéra.
Ainsi, la boucle est bouclée et, après la faillite de l’abbé Perrin en 1672 pour déficits excessifs, Stéphane Lissner doit quitter l’Opéra de Paris en 2020, pour les mêmes raisons.
Après le départ un peu forcé de Lissner, Alexandre Neef est nommé directeur de l’Opéra de Paris en 2020.





