Ce mois-ci, c’est Jérôme qui s’occupe de nous avec une histoire de Sphères.
Et qu’est-ce qu’il nous demande, Jérôme, ce mois-ci ? Eh bien voilà :
On parlera de Sphères (avec une esse à chaque bout).
Et puis quoi plus ? On glissera les mots merlan, haruspice, trottin (avec trois té) et grésil (parce que ça rime avec avril) et aussi quelques mots inventés (je compte sur vous), et puis un certain nombre d’autres mots, verbes et adjectifs, voire conjonctions de coordinations, ceux-là issus du dictionnaire, assez pour faire les phrases qui composeront les paragraphes ou les strophes ou les complets ou les refrains ; cela, parce que pour la forme, jveux bien un petit poème (deux vers ?), un opéra (trois actes), un conte (deux mots), un feuilleton (mais alors quatre épisodes minimum – ou moins ; ou moins). Et aussi toutes les autres formes que je ne nomme pas ici ; brefle, que règne ici une certaine liberté.
Et puis du mystère, de la brume, du calendrier, des jours et des dates de mars à mai ; enfin, évidemment, de l’ironie. Autant que possible, aucun jeu de mot : de la tenue, du style. Faut-il le dire, j’apprécierai une morale.
Brèfle, pour en savoir plus, ça se passe ici :
Dans beaucoup de cosmologies, on trouve des liens étroits entre la musique en tant que combinaison de vibrations et création du monde.
Par exemple, dans le Silmarillion, J.R.R. Tolkien (l’auteur de Bilbo le Hobbit et du Seigneur des Anneaux), raconte la création de l’univers par la cristallisation de la musique jouée par les Ainur, des créatures célestes au service du dieu créateur.
Pour le philosophe et mathématicien grec Pythagore, il existait des rapports entre les distances de la lune et des planètes et la Terre. Il avait par ailleurs découvert que les sons harmonieux étaient régis entre eux par le rapport de la longueur des cordes qui produisaient ces sons. Par exemple, le rapport entre une note fondamentale et la même note jouée à l’octave était de deux, la note à l’octave étant produite par la vibration d’une corde exactement deux fois plus petite que celle produisant la note fondamentale. La quinte était dans le rapport 3 2, la quarte dans le rapport 4 / 3, etc… Tout ceci est détaillé dans mon premier article consacré aux liens entre mathématiques et musique.
Dans ses recherches, Pythagore prétendait que sur ce principe, les distances entre les planètes et la Terre se trouvaient dans ces mêmes rapports, d’où l’idée de « Musique des sphères », l’Univers vibrant harmonieusement suivant ces lois mathématiques.
D’une manière surprenante (sauf si l’on se souvient que tout est dans tout et réciproquement), cette idée de la musique de l’univers est reprise dans les recherches les plus récentes sur l’origine du cosmos, où les cosmologues ont réussi à capter la musique fondamentale de l’univers. On peut en entendre des échos dans l’opéra le Cantique des quantiques de Stephen Hawking. Mais bien entendu, vous vous en doutiez, cet opéra n’était qu’un merlan d’avril de ma part.
Est-ce que Gustave Holz avait cette musique des sphères quand il a composé sa pièce les Planètes ? Probablement pas, les références aux planètes étaient pour lui plus d’ordre astrologique qu’astronomique. Ainsi, Holst pensait pouvoir lire l’à venir dans les astres comme l’haruspice lisait l’avenir dans les entrailles des animaux.
Le saviez-vous, dans l’opérette les Sphères de Véronique, de Messager, Anne est le nom de la petite modiste chargée d’habiller l’héroïne Véronique. Et quand Anne partait faire les courses pour sa maîtresse, celle-ci lui chantait toujours « de ci delà, cahin-caha, va trottine va chemine, va petite Anne ».
Dans son bouleversifiant presqu’opéra le Voyage d’hiver (Winterreise), Schubert fait couler des petites sphères gelées des paupières de son héros dans « Gefrorne Tröpfen fallen » (« Des larmes gelées coulent de mes yeux »).





j’ai l’impression à chacun de tes billets d’avoir une tête bien ronde certes mais pas forcément bien remplie ou faite 🙂 J’apprends tant de choses. J’ai bien aimé les Sphères de Véronique et la ritournelle …. »« de ci delà, cahin-caha, va trottine va chemine, va petite Anne ».
J’aimeJ’aime
Un classique de l’opérette « de ci de là, cahin-caha ». Une ritournelle qui reste bien en tête !
Bonne soirée, Mijo.
J’aimeJ’aime
Voilà qui me rappelle le sujet d’une conférence que j’ai faite il y a quelques années à Embaroquement immédiat sur la musique des sphères avec le scientifique Bernard Maitte… Bises Françoise
>
J’aimeJ’aime
Tu travailles aussi avec Embaroquement immédiat ! Ils ont souvent des beaux programmes.
Pour ce qui esr des cosmogonies, je pense qu’il y a en a (au moins) une autre qui fait naître l’univers de la cristallisation de la musique, mais je n’ai pas retrouvé laquelle à temps pour cer execrice d’écriure sous contrainte qu’est l’Agenda Ironique. Ça te dit quelque chose ?
Bonne soirée, Françoise.
J’aimeJ’aime
Bonsoir Jean-Louis, ton billet est phénoménal, je suis épatée, entre le chant des trous noirs et les opérettes sphériques…N’est-ce pas John Cage qui composait de la musique aléatoire à partir de la position des étoiles dans le ciel ? J’avais entendu dire ça.Merci 🎶👀🎼🎵 Bonne soirée 🙂
J’aimeJ’aime
Je ne connais pas cette partition de John Cage, mais je vais chercher !
Bonne soirée, Marie-Anne.
J’aimeAimé par 1 personne
Ca s’appelle « Atlas Eclipticalis »
Voici le lien YouTube :
Atlas Eclipticalis (1961-62)
Belle soirée à toi Jean-Louis, la tête dans les étoiles 🙂
J’aimeJ’aime
Super ! Merci Marie-Anne. 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Voilà un fameux merlan d’avril chantant, joyeux et espiègle, une improvisation sphérique musicale tout à fait stupéfiante !
😀😀😀
Stephen Hawking était-il un hobbit, que nous ne l’eussions jamais su de son vivant ?
😉😊😄
J’aimeJ’aime
Pour écrire cet article, j’ai relu la « Petite cosmogonie portative » de Queneau, espérant y trouver quelques références musicales, mais non !
Mais j’ai redécouvert la richesse de ce poème de Queneau, qui y convoquait tout son savoir encyclopédique.
J’aimeAimé par 1 personne
Chouette billet qui nous fait écouter de la belle zique tout en savourant ton AI.
Petite mention spéciale à « The planets ».
John Duff
J’aimeJ’aime
Wahou ! comme aurait dit Anaxagore d’Antioche ; le cantique des Quantiques est tellement beau qu’il ne peut pas s’agir d’un merlan d’avril, il doit exister quelque part. La preuve ? je suis certain que Queneau Raymond l’aurait ‘pataphysiquement fait chanter à Gréco Juliette.
une petite mention pour « the Planets » qui a été ma dernière grosse claque auditive en concert.
J’aimeJ’aime
J’étais loin de me douter, lorsque j’étudiais les travaux de Hawking Stephen sur la thermodynamique des trous noirs, dans la Physical Review au début des année 1980, qu’il écrirait un jour cet opéra, créé avec succès à l’Opéra de Saint-Glinglin pour faire le lien avec Queneau Raymond.
Bonne journée, Paresseux Carnets.
J’aimeAimé par 1 personne