Opéra mystique
Dialogue des Carmélites
Bernanos – Poulenc
Dialogues des Carmélites a été écrit par Georges BERNANOS en 1948 pour servir de scénario à un film, d’après une pièce écrite entre les deux guerres par une Allemande, le film ne se fera finalement pas. Bernanos meurt peu de temps après, et le manuscrit reste dans ses papiers. Retrouvé après sa mort, il est adapté pour le théâtre, et créé en Allemagne en 1951. C’est en 1953 que Francis POULENC a l’idée d’en tirer un opéra, qu’il compose de 1953 à 1955. L’œuvre est créée à la Scala de Milan début 1957, avant que d’être créée à Paris quelques mois plus tard.
Le pitch : Pendant la Révolution, une jeune fille de la noblesse s’engage au Carmel. Malgré sa crainte de la mort, elle rejoint ses consœurs à l’échafaud.
Premier Tableau : À l’hôtel particulier de la famille de la Force, peu avant la Révolution française. Le fils de la famille, le Chevalier, demande à son père, le marquis de La Force, où est sa sœur Blanche. Le père lui annonce son intention de marier Blanche à un ami du Chevalier, Roger de Damas. Blanche entre à ce moment dans le salon, et dit la crainte quelle vient d’avoir en traversant la foule dans son carrosse, alors que la révolte commence à gronder. Elle sort d’une cérémonie religieuse chez les Sœurs de la Visitation. Elle se retire dans sa chambre. Entendant un cri, le Baron va voir ce qui se passe. Blanche lui annonce son intention d’entrer au Carmel.
Deuxième Tableau : Quelques semaines plus tard, au parloir du Carmel de Compiègne, la supérieure interroge Blanche sur ses motivations à entrer au couvent. Elle lui explique que la règle des religieuses est de prier pour les autres. Elle demande à Blanche si elle a choisi son nom de carmélite. Blanche répond : sœur Blanche de l’Agonie du Christ. Quelque temps plus tard, Blanche est reçue comme postulante. Elle discute avec sœur Constance à qui elle reproche de trouver la vie amusante. Sœur Constance lui révèle qu’elle a le pressentiment que leurs destins sont liés, et qu’elles mourront ensemble.
À l’infirmerie, Mère Marie et le médecin sont au chevet de la Prieure, qui se meurt. La prieure recommande Blanche à mère Marie, et lui dit qu’elle a choisi Blanche, à cause de son nom de carmélite qui est celui qu’elle-même avait choisi en entrant dans les ordres. Quand commencent les râles de l’agonie, Blanche, attirée par les cris, se dirige vers l’infirmerie. La prieure lui demande de s’approcher et lui réserve ses derniers mots, lui confiant sa peur de mourir. Plus tard, la Prieure morte, les religieuses doivent veiller le corps. À un moment, restée seule, Blanche s’enfuit. mère Marie, qui était à la porte, la gronde pour son manque de courage, avant de la consoler.
Troisième Tableau : Blanche et sœur Constance tressent une croix de fleurs pour la tombe de la Prieure. Elles parlent de leur conception de la mort.
La nouvelle Prieure a été nommée. Ce n’est pas mère Marie, mais sœur Marie de Saint-Augustin, une fille de fermiers qui s’exprime en proverbes et en citations, avec un gros bon sens populaire.
Cliquez sur la mère supérieure
Elle a reçu une lettre de son évêque, qui demande que les postulantes reçoivent le voile. Mère Marie pense que c’est trop tôt pour Blanche, mais la Prieure insiste pour que l’on obéisse à l’évêque. (Suit la scène, muette, de la prise de voile).
Au parloir, un délégué de la municipalité et le notaire du couvent vont faire l’inventaire des biens de la communauté, qui doivent être remis à disposition de la Nation. Après cet inventaire, les sœurs discutent de leur avenir. On voit que les idées de la révolution ont pénétré au sein du Carmel, entre les filles de paysans, de bourgeois, et de la noblesse.
Le Chevalier vient chercher Blanche, pour la faire partir à l’étranger, sur ordre de leur père. Blanche refuse de quitter le Carmel.
Cliquez sur Blanche et le Chevalier
Des citoyens viennent fouiller le couvent, à la recherche d’or, ou de « jeunes filles séquestrées par leur famille ». Mère Marie tient tête au commissaire qui voudrait faire sortir Blanche du couvent.
Quatrième Tableau : La prieure lit devant l’assemblée le décret suspendant les vœux des sœurs. Blanche souhaite néanmoins prononcer ses vœux en secret, mais la Prieure refuse.
Les révolutionnaires entrent dans le couvent et pillent les objets sacrés. La prieure convoque Blanche pour l’inciter à quitter le couvent, craignant que son manque de courage ne lui permette d’affronter la situation, mais Blanche refuse encore.
Le jour du Vendredi saint, l’aumônier arrive pour célébrer une messe clandestine, et annonce qu’il reviendra pour Pâques. Le jour de Pâques, l’aumônier ne vient pas. S’ensuit une discussion sur la peur et le courage. Mère Marie suggère que, pour compenser l’absence du prêtre, les sœurs donnent leur vie en martyre. La prieure déclare que c’est à chacune de se prononcer sur le martyre. Suit une discussion sur l’attitude que chacune imagine tenir face à ce martyre à venir. Seule Blanche, effrayée et en retrait, ne participe pas. Au-dehors, on entend le bruit des trompettes et des canons. L’aumônier, en fuite, entre, les bénit, et franchit le mur pour se cacher. La foule entre, et on lit le décret d’expulsion qui frappe les religieux et les religieuses, leurs biens devant être mises en vente au profit de la Nation.
Mère Marie demande aux sœurs de se prononcer par vote sur l’adoption du martyre. On craint que seule Blanche ne vote contre. Finalement, seule sœur Constance a voté contre, pour ne pas abandonner Blanche, mais elle change finalement son vote pour qu’il y ait unanimité. Blanche s’enfuit.
Cinquième tableau : À l’Hôtel de la Force arrive un sans-culotte. C’est l’ancien cocher qui vient prévenir Blanche que son père a été arrêté et qu’il faut aller le délivrer.
À la Conciergerie, les révolutionnaires surveillent les nobles enfermés. On appelle le Marquis de la Force. Le cocher est venu avec Blanche expliquer comment les révolutionnaires ont libéré Blanche du couvent où son père l’avait fait enfermer. Blanche remercie ses libérateurs. Blanche et son père sont relâchés par le tribunal.
Retour chez les religieuses, qui ont également été « libérées » par les révolutionnaires, rendues à la vie civile. L’aumônier informe la Prieure et mère Marie que le marquis de la Force a été guillotiné. Mère Marie décide d’aller chercher Blanche pour la reconduire à Compiègne.
À l’Hôtel de la Force, mère Marie et Blanche ont une conversation sur la peur et sur le mépris de soi-même. On vient chercher Blanche pour faire les courses. À son retour, elle croise dans la rue des révolutionnaires portant une tête sur une pique. Elle se réfugie derrière une porte cochère avec d’autres passants. Une vieille dame qui est là lui apprend qu’à Compiègne, ils ont arrêté les religieuses du Carmel. Tremblante, Blanche va retrouver mère Marie pour lui donner la nouvelle. Celle-ci dit qu’il faut aller les rejoindre, mais Blanche s’enfuit à nouveau.
À la prison, les sœurs sont rassemblées. Elles discutent de l’attitude à tenir devant le tribunal. La prieure dit qu’elle les représentera toutes. Quelqu’un évoque le cas de Blanche, et sœur Constance dit qu’elle est persuadée que celle-ci reviendra, à cause de son pressentiment.
Le tribunal les a toutes condamnées, y compris mère Marie par contumace. Les sœurs s’avancent une à une vers l’échafaud, chantant le « Salve Regina » puis le « Veni Creator ». Au fur et à mesure qu’on entend le couperet tomber, le chant se fait plus ténu. Quand il n’en reste plus qu’une, une nouvelle voix se fait entendre, et on voit Blanche s’avancer vers l’échafaud. Soudain, sa voix se tait, comme l’ont fait les autres.
Merci à toi, J-L. Te voilà redevenu sérieux 😉
Suis pas très attirée par l’atmosphère mystique de cet opéra ( séquelles de mes années d’internat ?), mais je repasserai écouter les vidéos. Je te fais confiance.
Re bonne journée et re bonne semaine.
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Moi, sérieux ? et puis quoi encore ? 😉
Mais oui, tu peux me faire confiance, si tu dois ne regarder qu’une vidéo, prends la scène finale, c’est très poignant. Mais aussi, c’est poignant parce qu’arrivant à la fin d’un spectacle de deux heures où la tension va grandissante, donc c’est dommage de rater le début.
Pour tes années « pensionnat chez les bonnes sœurs » je comprends qu’il puisse y avoir des souvenirs.
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Je les regarderai et écouterai toutes. Ben oui, quand même. J’ai trouvé l’histoire poignante, en effet. C’est juste que… mais bon, vais pas faire ma rebelle ( ni la remoche) et te dirai quoi – d’accord ? J’ai adoré Thais, alors que dans l’opéra il n’y avait pas l’ironie d’Anatole France. Donc pourquoi pas, après tout ?
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En fait si j’ai publié ce billet maintenant, c’est parce que j’ai regardé les « Dialogues » sur le site du MET la semaine dernière, et que ça m’a vraiment beaucoup plu, et beaucoup touché. Une sorte de coup de cœur, quoi !
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J’ai bien compris ☺
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Super billet.
J’ai découvert des détails que je n’avais pas compris au MET (sous-titres en anglais, je pige pas tout).
Ta scène finale est également très forte.
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Pour la dernière scène, j’avais le choix entre plusieurs versions.
J’ai choisi ici celle-ci parce que je ne l’avais pas encore mise sur mon blog.
Bonne journée, John Duff.
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Une histoire tragique!
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Tragique, et profondément poignante !
Bonne journée, Marie-Christine.
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J’ai adoré le livre, je ne connaissais pas cet opéra ; ma soirée est faite, merci de cette découverte-apprentissage de l’opéra à laquelle me mène ton blog 🙂
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J’ai adoré le livre moi aussi, et je trouve que la manière dont Poulenc a su traduire la tension dramatique du récit de Bernanos est asses impressionnante !
Bonne soirée, Esther.
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J’espère que je vais aimer l’opéra, je te tiens au courant 🙂 Bonne soirée à toi aussi.
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Ton retour sur cette œuvre m’intéresse !
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Pour moi qui ne suis guère versée dans l’opéra, je suis « entrée » dans celui-ci sans effort… et j’ai beaucoup aimé ! J’ai retrouvé – sous d’autres formes – bien des choses que j’avais aimées dans le livre, et je suis tout à fait d’accord avec ce que tu dis sur la gestion de la tension dramatique. je trouve qu’elle fait honneur à celle du livre, ou du moins qu’elle en traduit parfaitement l’esprit . La dernière scène est impressionnante, et j’avais l’estomac quelque peu noué en l’écoutant. J’ai vibré 🙂
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Merci de ce retour, Esther.
Oui la fin, poignante, est tout à fait saisissante.
Puis-je te demander dans quelle version tu as regardé cet opéra ?
Bonne journée. 🙂
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Alors, j’ai commencé par regarder les extraits que tu avais publiés un par un ! Et d’autres ensuite sur You Tube; et enfin comme je suis bien incapable de choisir un orchestre plutôt qu’un autre, j’ai choisi d’écouter la version de The Opera Live Channel qui était en tête de mes recherches, et surtout en intégralité. Mais je prends tout autre conseil et lien éclairé de ta part, je le réécouterais volontiers 🙂
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J’avais depuis longtemps l’idée d’écrire un billet sur le Dialogue des Carmélites, mais c’est le fait de l’avoir vu récemment sur le site du MET qui m’a fait cristalliser cette idée. Malheureusement, les opéras du MET sont disponibles seulement 24 heures.
La version mise à disposition sur The Opera Live Channel est de toutes manières une des bonnes versions (je n’en connais d’ailleurs pas de mauvaise 🙂).
Bonne journée, Esther.
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Ah, tu me rassures ! 🙂 Sans être spécialiste, je fais un peu de musique et j’avais trouvé ( a l’oreille ) que cette version était fort plaisante à écouter :))
Merci encore pour tous ces billets qui activent ma curiosité et la nourrissent,
Bonne journée à toi aussi.
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