Ce mois-ci, c’est Tiniak qui pilote l’Agenda Ironique. Et quoiqu’il nous demande Tiniak, eh bien voilà :
Devant (dé)jouer « L’amor en lames » pour que l’amour se défende avec les mots (souvent désuets*) et locutions (en glaise aussi) : Mijaurée – une fois par Lune bleue – Rivancher* – faire l’effet d’un godmoche à roulasse* – Il pleut des chats et des chiens – gai(e)-luron(ne) – quand les cochons voleront – branleuse de gendarme* [détails, cerise sur le gâteau et *définitions par ici], c’est le sieur Lothar qui entre le premier en lice.
Mais tout ça est tellement mieux esspliqué ici : https://polesiaque.wordpress.com/2025/10/07/vertiges-de-lamure-recueil-de-la-i/
Or donc, il y a de cela 800 ans, l’amor en lames nous était chanté par les trobadors et les trobairitz. Si l’on connaît, un peu, les trouvères et les troubadours, on ne parle de leur équivalent féminin qu’une fois par lune bleue, et c’est bien dommage. Que nous dit des trobairitz Anne Ibos-Augé dans son remarquable Les Femmes et la musique au Moyen Âge (éditions du Cerf, 2025) ? Elle nous apprend que la première femme troubadour, qui n’était pas une mijaurée, était Azalaïs de Porcairagues. Je vous propose ici d’écouter une de ses compositions.
Le troubadour était un poète (du pays d’Oc) chantant l’amour courtois, aux XIIe et XIIIe siècles, mais il pouvait arriver qu’un troubadour soit d’essence noble, voire chevalier. L’amour courtois était un idéal d’amour entre un chevalier et une noble dame où il n’était donc pas question de rivancher.
Un exemple de trouvère est Chrétien de Troyes, un des premiers à avoir romancé les légendes arthuriennes avec Lancelot ou le chevalier à la charrette, Yvain ou le chevalier au lion et Perceval ou le conte du Graal. Ses livres ont été le début du vaste Livre du Graal, roman à la fois courtois, épique et mystique.
À propos de Perceval, il s’agit du même héros légendaire que le Parsifal de Richard Wagner Au début de l’opéra du même nom, notre héros assiste à une scène sacrée qui lui fait pourtant l’effet d’un godmoche à roulasse.
Jacques Roubaud, l’oulipien spécialiste de la littérature des troubadours (cf. La Fleur inverse : essai sur l’art formel des troubadours [Ramsay, 1986]) ne s’y est pas trompé, qui a écrit en collaboration avec Florence Delay la pièce de théâtre Graal Théâtre. Graal Théâtre est le nom du concerto de violon de Kaija Saariaho, et le premier opéra de Kaija, l’Amour de loin, est lui aussi inspiré par l’œuvre de Jacques Roubaud.
Les troubadours (les trouveurs) étaient des écrivains du pays d’Oc. Au pays d’Oïl, on les appelait des trouvères. Le plus célèbre d’entre eux, dans l’univers de l’opéra, est celui de Verdi. C’est dans le Trouvère (il Trovattore) qu’on entend le chœur des enclumes, qui n’est pas sans évoquer le bruit que ferait une pluie de chiens et de chats.
Arrivé à cet endroit de ma contribution ironique à l’Agenda, vous devez vous demander le pourquoi du titre de cette contribution. Eh bien, le chevalier sans armure du titre, qui chantait l’amour du Christ, n’est autre que François d’Assise, le Chevalier (sans armure) du Christ. Et Olivier Messiaen a raconté sa vie dans son seul opéra, Saint-François d’Assise.
(P.S. je n’ai pas réussi à refourguer la branleuse de gendarmes dans cet article, je vous demanderai donc de bien vouloir repasser pour la trouver dans un prochain article.)





Même avec du parfum canaille dans le 📢« rivancher », nul doute que la gent féminine te sera fort reconnaissante pour ce florilège endimanché de précieuse façon.
Rhalala, ce talent, comme toujours ! Et surtout s’agissant d’être raccord (🎼majeur !) avec les défis de l’A.I.
A très bientôt plus vite que ça, l’Ami Jean-Louis 🤗
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Quant à la Branleuse de gendarme, on pouvait s’attendre à ce qu’elle tombe… à plat 😜👌
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Eh oui, les compositrices !
Mon 3e opus, en préparation, s’appelera Dix siècles de compositrices.
Bonne journée en poésie, Tiniak.
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Très drôle et très intéressant ce billet AI d’octobre, jean-Louis. Et la zizique qui va avec ne gâche rien.
John Duff
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Je n’étais pas très inspiré au début, mais avec l’amour courtois et les troubadours, on s’en sort toujours.
Bonne journée, John Duff.
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Mais comment fais-tu Jean-Louis pour parvenir ainsi à faire de ta passion une partition conductrice pour les AI ? Je suis ébaudie. J’ai apprécie Il Trovattore, enfin suis pas impartiale, Verdi est mon chouchou.
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Je ne sais pas comment je fais, mais je pense que tout dépend de la qualité du gratouillage occiputal qui me prend à chaque lecture du sujet de l’A.I.
Bonne journée, Mijo.
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Les trouvères…trouvèrent l’amour courtois…
et Toutlopera opéra avec brio pour ce nouvel agenda ironique :
Ce qui est bien, c’est qu’avec toi, à chaque fois, on se cultive !
Bravissimo !
La Licorne
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