Licht (Lumière), de Karlheinz Stockhausen, est certainement le projet le plus ambitieux jamais pensé pour l’opéra. En effet, il s’agit d’un cycle de 7 pièces musicales destiné à être joué en 7 jours. Ce cycle n’a à ce jour encore jamais été représenté sous cette forme voulue par l’auteur, même si chaque pièce a été créée de manière individuelle.
Dans Licht, on rencontre 3 forces s’affrontant à l’échelle de l’univers.
Ève, représente l’Esprit-Mère cosmique, mais aussi la séductrice, Marie, la mère de Jésus ou encore Inanna, la déesse sumérienne de la sensibilité de la fertilité et de la procréation, et aussi Lilith, Aphrodite ou Vénus.
Michaël est le créateur du cosmos. Comme Jésus, Michaël devient homme pour naître d’une mère. C’est aussi l’archange qui terrasse le dragon. Son royaume est une galaxie autour du feu central de Sirius.
Lucifer est l’antithèse de Michaël. C’est celui qui nie, qui représente le principe de destruction. Il se moque de son frère Michaël, qu’il tient pour un avorton.
Les deux frères s’affrontent au niveau de l’univers alors qu’Ève cherche à les réconcilier.
La première journée de Licht, Montag aus Licht, est le lundi, Montag, le jour de la lune. Dans beaucoup de mythologies, la lune est associée à la fécondité. Montag aus Licht est donc la première journée du cycle, et c’est aussi le jour d’Ève. C’est une « cérémonie musicale de vénération de la mère », une « célébration de la naissance et de la renaissance de l’humanité ». Stockhausen n’avait pas écrit ces journées dans l’ordre, et il s’agit de la troisième qu’il a composée.
Acte I : Premier enfantement d’Ève.
Dans la scène 1, on assiste à la naissance de 7 créatures intermédiaires, entre l’animal et l’homme, et celui de sept nains avec barbe et chapeaux pointus. La jeune mère est célébrée par deux Airs de naissance (scène 3), avant le Cri des garçons (scène 4). Ces naissances provoquent la Colère de Lucifer qui insulte l’humanité (scène 5).
Suivent les grandes lamentations, musique de larmes, pluie de l’âme (scène 6).
Acte II : Deuxième enfantement d’Ève.
L’acte commence par une procession de jeunes filles (scène 1). Après la fécondation (scène 2), sept garçons naissent l’un après l’autre, représentant chaque jour de la semaine (scène 3 : Re-naissance). Ils sont tous musicalement doués. Arrive Cœur de basset (par analogie avec l’instrument appelé Cor de basset) (scène 4 Chant d’Ève). Cœur de basset apprend la musique aux garçons, car « seule la musique peut sauver le monde ».
Acte III : Magie d’Ève.
Message (scène 1). Ève, représentée par Cœur de basset se regarde, penseuse, dans le miroir et demande « Miroir, mon cher miroir, dis-moi qui est la plus belle ». Des femmes arrivent, annonçant la venue d’un musicien d’une grande beauté. C’est Ave, un double inversé d’Ève (Ève se dit Eva en allemand), joueuse de flûte. Les deux faces d’Ève, Cœur de basset et Ave jouent ensemble amoureusement.
Le charmeur d’enfants (scène 2). Des enfants, attirés par Ave, arrivent, et le joueur de flûte leur apprend à son tour sa musique, qu’ils jouent en imitation. Ave a de plus en plus d’emprise sur les enfants et petit à petit les éloigne d’Ève.
Enlèvement (scène 3) : À la fin, Ave et les enfants atteignent les mondes supérieurs et, disparaissant dans les nuages, se transforment en chants d’oiseaux (extraordinaire chœur d’enfants). Ève, vieillie, se métamorphose en montagne. Quand les spectateurs quittent la salle, ils entendent encore une nuée d’enfants-oiseaux.
(Source principale : la présentation à la presse des représentations à l’opéra de Lille des 18 et 19 janvier 2025).




Un peu dissonant à mon oreille le dernier extrait, mais l’aventure doit être belle à vivre en direct. Bonne journée Jean Louis
J’aimeJ’aime
Je viens de finir le premier morceau (la vache, plus d’une heure). C’est très bien, c’est planant mais cela se laisse bien écouter.
J’écouterai demain les autres extraits.
John Duff
J’aimeJ’aime
La version complète doit faire dans les 4 heures, et quand l’œuvre sera enfin créée, soit les sept journées représentées en sept jours consécutifs, ça fera une trentaine d’heures.
Wagner est battu !
Bonne journée, John Duff.
J’aimeJ’aime
Bon ça y est, j’ai fini. Mais je pense que j’ai préféré le premier morceau.
John Duff
J’aimeJ’aime
Dans la version (incomplète) de l’opéra de Lille le ouikènde dernier, il n’y avait que le 2e et le 3e acte. J’ai trouvé le 2e acte intéressant mais un peu daté musicalement, et le 3e acte carrément génial, avec son chœur d’enfants final. Je me suis rendu compte que l’extrait du final que j’ai mis sur mon blog est purement instrumental, sans le chœur, et c’est bien dommage.
Il y avait aussi le chœur de l’orchestre de Paris, et j’ai cru reconnaître Xavier par mi les choristes.
Montag aus Licht sera redonné à l’automne prochain à la Philharmonie de Paris, en version complète !
Bonne journée, John Duff.
J’aimeJ’aime