Vu récemment à l’opéra de Paris qui a exhumé cette partition non jouée depuis près de 190 ans, Beatrice di Tenda (Béatrice de Tende) est le dernier opéra écrit par Bellini pour l’Italie. La faiblesse de son livret (son librettiste, Romani, était trop occupé pour soigner son travail), peut expliquer son échec à Venise où il ne connaîtra que trois représentations. Fatigué par la censure que l’occupant autrichien faisait régner en Italie et blessé par cet échec, Bellini décidera de quitter son pays pour tenter sa chance en France.
Le pitch : À Milan où règne un tyran, Filippo (baryton), la femme de celui-ci, Béatrice (soprano) est aimée d’un révolutionnaire, Orombello (ténor). Filippo n’aime plus Beatrice et lui préfère Agnese (mezzo). Agnese aime Orombello. Se rendant compte que lui ne l’aime pas, elle va par jalousie trahir Orombello et Beatrice pour se rapprocher de Filippo.
On est donc en plein dans le schéma (S+T/B+M) de l’opéra vu par G.-B. Shaw où une soprano et un ténor s’aiment, mais leur amour est contrarié par un baryton et une mezzo.
Acte I : Filippo quitte une fête qu’il donne dans son palais. Il n’aime plus sa femme Beatrice, qui lui a pourtant apporté sa richesse en dot, quand il était encore idéaliste. Il lui reproche de s’intéresser aux beaux jeunes hommes qui constituent les forces vives de son duché. Filippo aime à présent Agnese, une jeune progressiste qu’il entend chanter dans le lointain, accompagnée par Orombello.
Agnese attend près du palais quand arrive Orombello qui cherche Beatrice pour traiter d’affaires. Agnese, qui aime Orombello, fait parler le jeune homme qui finit par lui avouer qu’il aime Béatrice. Jalouse, furieuse, Agnese va se venger.
Dans ses jardins, Beatrice sait que Filippo va la faire arrêter pour se débarrasser d’elle. Ses femmes de compagnie essaient de lui remonter le moral. Beatrice s’excuse d’être la cause de leurs souffrances et de celles du peuple, victimes de la tyrannie de Filippo qui a oublié les idéaux de sa jeunesse. Elle chante un chant de résistance et de solidarité.
Quand Filippo entre, Beatrice se retire. Rizzardo, le frère d’Agnese souligne son manque de respect. Agnese apporte à Filippo ce qu’elle présente comme des preuves de la trahison de Beatrice. Filippo ordonne à ses gardes de lui amener sa femme. En larmes, celle-ci lui reproche les années de souffrance que lui a valu sa jalousie. Filippo veut traîner sa femme devant le tribunal pour la faire condamner.
Beatrice, seule dans le jardin, pense à son premier mari. Elle se sent si seule. Orombello arrive et lui dit que non, elle n’est pas seule. Un mouvement populaire se prépare contre le tyran, et il lui propose d’en prendre la tête. Il finit par avouer son amour à Beatrice qui, d’abord horrifiée, finit par s’avouer qu’elle aussi aime Orombello. Filippo, caché, a tout entendu et les fait arrêter.
Acte II : Alors que les hommes sortent d’une séance de torture d’Orombello, les femmes leur demandent ce qu’ils ont vu. Ils sont très gênés de dire qu’on lui a crevé les yeux et rompu les os. Sous la souffrance, Orombello a fini par avouer son adultère avec Beatrice.
Filippo veut croire que ses actes sont faits au nom de la justice. Anichino, le frère d’Orombello l’avertit du soulèvement populaire qui s’annonce. Filippo ordonne qu’on ferme les issues du palais.
Le procès truqué de Béatrice commence. Agnese y assiste sans pouvoir se réjouir du tout qu’ont pris les choses. On fait venir Orombello qui, devant Beatrice, crie son innocence, que ses aveux lui ont été arrachés sous la torture. Beatrice lui chante une chanson tendre, le suppliant de ne pas mourir. Devant cette scène, Filippo commence à être pris de compassion, mais les jurés, qu’il a payés pour faire condamner sa femme, ne veulent pas céder, et ordonne que l’on torture Beatrice à son tour.
Agnese, honteuse, tente de fléchir Filippo mais celui-ci, qui ne pense qu’à elle, lui répond que la couronne de Beatrice lui appartiendra bientôt.
On entend dans les coulisses les cris de Beatrice, qui n’avouera rien. Quand on demande à Filippo de signer la condamnation à mort de sa femme, il ne peut pas. Mais la révolte qui couvait éclate. Filippo signe alors la condamnation de Beatrice.
On fait venir Beatrice brisée, mourante, mais qui se réjouit que des jours meilleurs vont bientôt arriver. Émue, Agnese se précipite et avoue son forfait et demande son pardon. Beatrice ne veut pas lui pardonner. On entend au loin la voix d’Orombello mourant, mais qui a encore la force de chanter la force du pardon. Beatrice pardonne à son tour à Agnese.
Beatrice meurt.
(Source principale : la production de l’Opéra de Paris en 2024 et le programme associé.)





Ah ! Béatrice meurt !
J’aimeAimé par 1 personne
Eh oui !
Je n’aurais peut-être pas dû divulgacher la fin !
Bonne journée, Nemo.
J’aimeAimé par 1 personne
J’avais vu des avis très différents sur cet opéra et j’attendais avec impatience ce billet pour te demander ce que tu en avais pensé.
Moi, au vu et entendu de ton billet, je trouve cet opéra pas mal. Les décors sont très beaux.
John Duff
J’aimeJ’aime
Bonjour John Duff.
En effet, les critiques ont été féroces contre la mise en scène. Mon avis est plus mitigé.
Le livret est mal fichu, et il y a des longueurs, surtout au premier acte. Du coup, ça n’aide pas le metteur en scène, qui en plus a pris le parti d’étirer le temps. Du coup, je me suis un peu ennuyé au premier acte.
Mais la musique est bonne, c’est du bel canto à la Bellini, et ça tombe bien puisque c’est du Bellini. Les chanteurs sont très bons, et Tamara Wilson (Beatrice) nous a refait le coup de Turandot, à savoir réussir à couvrir le chœur et l’orchestre fortissimo avec sa voix puissante.
La mise en scène n’était pas très intéressante, disais-je, mais les décors det les éclairages étaient très chouettes.
Je te souhaite une bonne journée.
J’aimeJ’aime