Mes opéras préférés

CAPRICCIO, de STRAUSS (1942)

Conversation en musique en un acte, livret du chef d’orchestre Clemens Krauss d’après une idée de Stefan ZWEIG. Ce quinzième et dernier opéra de Strauss représente une synthèse de la carrière musicale de Richard Strauss.

Le pitch : Dans Capriccio, Strauss, et ses librettistes, essaye de répondre à la question « Qui de la poésie et de la musique prend le pas sur l’autre? ». Il se sert d’un poète et d’un compositeur, tous deux amoureux d’une comtesse, pour aboutir à la réponse que le mieux, c’est l’alliance des deux, et que cette alliance, c’est l’opéra !

Acte I : En 1775 dans un château près de Paris, La Roche, le directeur de théâtre, Flamand le compositeur et Olivier le poète préparent une fête pour l’anniversaire de la comtesse Madeleine. Ils discutent pour savoir qui, de la musique ou du poème, a la prééminence. Madeleine est une jeune veuve, et le poète et le musicien se disputent ses faveurs. Ils écoutent le sextuor de Flamand.

Strauss Capriccio SextuorCliquez sur le sextuor

Le directeur de théâtre se prononce en faveur de l’opera buffa. Le comte, le frère de la comtesse, se prononce clairement en faveur du théâtre, et plus particulièrement de l’actrice Clairon. Le directeur revient, la scène est prête, les répétitions peuvent commencer. Ce sera d’abord une pièce musicale, puis une pièce de théâtre, et enfin une surprise du directeur. Clairon, la comédienne, apparaît, saluée par le directeur. Elle commence à lire avec le comte la fin de la pièce, une scène d’amour, que l’auteur vient de terminer. Convaincue par l’interprétation du comte, elle demande au directeur de monter la pièce. À la comtesse qui félicite l’auteur pour la déclaration d’amour finale de sa pièce, l’auteur répond que c’est à elle que cette déclaration s’adresse. Le compositeur veut mettre ces vers en musique, ce qui n’enchante pas le poète, jaloux. Quand le musicien a fini, il chante sa composition à la comtesse, ravie (Air, puis trio : « Kein andres, das mir so im herzen loht »).

Strauss Capricccio Kein andres, das mir so in Merzen lohtCliquez sur l’image

C’est au tour du compositeur d’avouer que c’est ses sentiments qu’il a mis dans sa musique. La comtesse avoue qu’elle hésite entre vers et musique, les deux arts étant si intimement liés. Il la supplie de répondre à sa déclaration, mais elle réserve sa réponse pour un rendez-vous qu’elle lui fixe le lendemain. Le comte revient de la répétition, ravie d’avoir « intéressée » l’actrice, mais sa sœur lui dit qu’il ne faut pas confondre amour et admiration. Elle lui explique que le poète et le musicien se sont déclarés, et que ce qui sortira de cette histoire ne peut être qu’un opéra.

Tout le monde revient au salon. Le comte invite Clairon à souper, mais elle décline l’invitation. Le directeur présente son petit spectacle italien. Clairon rompt avec le poète. La dispute entre poésie et musique redémarre, mais la comtesse tranche pour la tragédie en musique, l’opéra, qui rapproche les deux arts. Le directeur fait entendre un duo de chanteurs italiens, dans lequel Strauss parodie cet art. (duo puis ensemble).

Le comte propose à l’actrice de la raccompagner à Paris. Le directeur dévoile le programme de son spectacle. Il y aura d’abord une allégorie : la Naissance de Pallas Athénée. Tous se moquent de cette idée dans un joyeux charivari (ensemble). Il y aura ensuite une pièce héroïque : la Chute de Carthage. Les moqueries reprennent de plus belle devant cette conception passéiste du spectacle. Le directeur se défend alors en montrant tout ce qu’il apporte au spectacle par ses mises en scène et ses décors, que ni la musique ni le livret ne sont capables d’apporter. Il se porte en gardien de la tradition devant la médiocrité des compositions contemporaines, en attendant que de nouvelles œuvres de génie voient le jour. (Air : « Hola, ihr streiter in Apoll »).

Strauss Capriccio Holà Ihr streiter in ApollCliquez sur La Roche

Tout le monde le félicite de cette profession de foi. La comtesse demande au poète et au musicien de mettre leur art au service du directeur, en composant un opéra. On cherche un sujet, Ariane à Naxos ou Daphné (deux sujets d’opéras déjà traités par Strauss), mais c’est le comte qui a l’idée de raconter leur propre histoire. On se sépare pour la nuit, laissant la place aux domestiques, qui commentent cette journée. Le souffleur, qui s’était endormi dans son trou, en sort et s’étonne de ne trouver plus personne. Le comte accompagnant Clairon à Paris, la comtesse s’apprête à souper seule. Le poète lui fait dire qu’il viendra le lendemain connaître le dénouement de l’histoire. La comtesse se souvient alors qu’elle a déjà rendez-vous avec le musicien. Reprenant le sonnet mis en musique, elle comprend qu’elle ne peut pas choisir (Air : Kein andres, das mir …). Se regardant dans la glace, elle demande à son reflet de l’aider à trouver la fin de l’histoire, si il y en a une qui ne soit pas triviale (air crépusculaire, préfiguration des 4 derniers lieder de Strauss).

Strauss Mondscheinmusik (Mélodie du Clair de lune)Cliquez sur la « Mélodie du clair de lune »

Le maître d’hôtel vient annoncer que le souper est servi.

Strauss Capriccio Scène finaleCliquez sur la scène finale

11 réflexions au sujet de “CAPRICCIO, de STRAUSS (1942)”

  1. Bonsoir monsieur Toutlopéra

    Désabonnée une fois de plus ( il y avait longtemps !). Mais heureusement, il y a Xwitter. C’eût été dommage de louper ce billet
    Ben oui, je ne connaissais pas du tout cet opéra de Richard Strauss (que j’ai d’ailleurs, par le passé, assez longtemps confondu avec les rois de la valse viennoise, Johann Strauss père et fils). Aussi, à part « Le chevalier à la rose » et le poème symphonique « Ainsi parlait Zarathoustra », tout ou presque de son œuvre, me reste à découvrir – c’est dire !

    Mais pour en revenir à « Capriccio », la musique ou la poésie ? Je suis d’avis qu’elles se complètent divinement, et se fondent l’une en l’autre pour nous offrir ce magnifique opéra. Du coup – Flamand et Olivier – je suis comme la contesse, bien incapable de les départager.
    Et la musique de Strauss a en tout cas, quelque chose de littéralement envoûtant, je trouve. De fait, je vais essayer de trouver le temps un de ces prochains week-ends pour voir cette production intégrale.

    Un grand merci encore une fois pour cet excellent partage. Bonne semaine à toi, et à bientôt, ici ou là.

    PS: parlant de temps, il en faut – dis donc, pour les (vrais) lecteurs de ton blog. Je pourrai pas faire ça tous les jours ( 3 fois que je passe !)

    Aimé par 1 personne

    1. Bonjour SOlène. L’œuvre de Strauss (Richard) s’est épurée avec le temps.
      Une fois passées les vociférations posto-wagnériennes de Salomé ou Elektre, il s’est assagi avec le Chevalier à la rose ou Capriccio, avant de s’éteindre dans un souffle sur les crépusculaires « 4 derniers lieders ».
      Bonne journée, et bonne écoute (quand tu auras le temps 😉). Je me suis servi pour la préparation de cet article de la version enregistrée à l’opéra de Paris en 2004, avec Renée Fleming.

      Aimé par 1 personne

  2. On se souvient particulièrement de Capriccio pour les circonstances de sa première mondiale à Munich, le 28 octobre 1942. La ville était complètement plongée dans l’obscurité à cause des alertes aériennes et les spectateurs devaient se frayer un chemin jusqu’à l’opéra à l’aide de lampes de poche spéciales qui n’émettaient qu’un fine ligne de lumière bleu foncé.

    Aimé par 1 personne

  3. j’ai pris un peu de retard et je découvre seulement ce billet. Le nom de la chanteuse, Clairon, m’a fait sourire, je l’ai trouvé un peu irrespectueux.
    Quand à la comtesse, dis-lui que choisir c’est renoncer.

    Aimé par 1 personne

    1. Merci John Duff, je passerai le message à la comtesse.
      J’étais mardi à Bastille pour écouter Lohengrin. Le chœur était au meilleur de sa forme et l’orchestre splendide, au point que les solistes paraissaient presque palichons ! Quant à la mise en scène, c’était un peu particulier, avec une idée intéressante (tout se passe dans la tête d’Elsa, traumatisée par une guerre qui se passe autour d’elle), mais inaboutie. Certaine scènes étaient ratées, comme le jugement de Dieu du premier acte. C’est dommage.
      Bonne journée, John Duff.

      J’aime

Répondre à Solène Vosse Annuler la réponse.