Écrivains, Compositrices, littérature, Poésie

Paul VERLAINE (1844 – 1896)

« De la musique avant toute chose, et pour cela préfère l’impair » (Art poétique)

Paul VERLAINE naît à Metz le 30 mars 1844.

Son père était militaire, d’où les nombreux déménagements de la famille pendant la jeunesse de Paul. Sa mère, qui avait fait deux fausses couches, adorera son fils et lui passera tout. Ses parents adopteront aussi une cousine orpheline, Élisa, qui sera le premier amour du jeune homme.

En 1851, Verlaine père démissionne de l’armée avec le grade de capitaine, et la famille s’installe à Paris où Paul suit ses études dans une pension privée et au lycée Condorcet. Peu intéressé par les études, il semble plus attiré par certains de ses jeunes condisciples.

Il publie son premier recueil de poésie, les Poèmes saturniens, à l’âge de 22 ans, en 1866. On peut y lire une certaine influence baudelairienne.

Brassens Chanson d'automneCliquez sur la Chanson d’automne

À l’occasion de cette sortie, un jeune poète, un certain Mallarmé, lui écrit pour lui signifier l’admiration qu’il porte à ses poèmes.

Délaissant ses études, Verlaine fréquente les cafés littéraires, et commence à boire (beaucoup) d’alcool, notamment de l’absinthe, boisson qui, selon les procédés de fabrication de l’époque, recélait du méthanol, un alcool attaquant le cerveau.

Dans le groupe des Vilains Bonshommes, lié aux Parnassiens, il fait la connaissance de Charles de Sivry, un compositeur ami de Chabrier avec qui ils ont des projets d’opérettes, Vaucochard et Fils 1er et Fisch-ton-Kan. Et c’est de Sivry qui présentera sa sœur Mathilde à Verlaine. Plus étonnant encore, après la commune, de Sivry se retrouva emprisonné, et en prison c’est lui qui donnera l’adresse de sa mère pianiste à un garde national qui cherchait un professeur de piano pour son fils. Ce fils s’appelait Claude Achille Debussy, et fait partie des nombreux compositeurs qui ont déposé de la musique sous les vers de Verlaine.

Inquiet pour l’avenir de son fils, Verlaine père le fait entrer en 1864 comme employé de bureau à l’Hôtel de ville de Paris. Entretemps, son amour de jeunesse, Élisa s’est mariée à un riche industriel sucrier. En 1869, il publie le recueil Fêtes galantes, inspiré par une exposition de peintres du XVIIIe siècle qui avait eu lieu au Louvre.

Fauré Clair de LuneCliquez sur l’image

Debussy Colloque sentimentalCliquez sur le Colloque sentimental

Après la mort de son père, Verlaine continue de vivre chez sa mère qui le pousse à se marier avec Mathilde, de neuf ans sa cadette. Le mariage se fera en 1870 et ils auront un fils, Georges, en 1871. Son amour pour Mathilde inspirera plusieurs poèmes de la bonne Chanson, recueil qui paraîtra en 1871 après la guerre de 1870 et la Commune.

Hahn l'Heure exquiseCliquez sure l’Heure exquise

En 1871, justement, Verlaine reçoit une lettre qui bouleversera sa vie. Un jeune homme de Charleville, Arthur Rimbaud, lui écrit qu’il souhaite quitter sa ville de province où il s’ennuie mortellement pour rejoindre la capitale. Après quelques hésitations, Verlaine l’invite à Paris. Cette rencontre est capitale tant il retrouve chez le jeune homme de 17 ans des idées qu’il porte en lui depuis longtemps. Dès lors, il se désintéresse de sa jeune femme pourtant enceinte. Verlaine et Rimbaud partent ensemble en Angleterre et en Belgique. Un jour, Verlaine tirera un coup de feu sur Rimbaud, ce qui lui vaudra une condamnation à deux ans de prison. Les poèmes écrits pendant cette période figurent dans les Romances sans paroles (1874).

Fauré SpleenCliquez sur l’image

En prison, Verlaine retrouve la foi catholique de son enfance et compose le recueil Sagesse (1880).

Boulanger (Nadia) un grand Sommeil noirCliquez sur le grand Sommeil noir

À sa sortie de prison, il retrouve brièvement Rimbaud qui lui confie le manuscrit des Illuminations, que Verlaine fera imprimer quelques années plus tard.

En 1875, Verlaine est professeur à Londres avant de rentrer en France, où il enseigne dans un collège de jésuites. Il se prend d’affection pour un de ses jeunes élèves, Lucien. Quelques années plus tard, ils se retrouvent à Londres, avant de s’installer chez les parents de Lucien. La mort de celui-ci en 1883 bouleversera Verlaine qui écrira plusieurs poèmes que l’on trouve dans le recueil Amour.

Verlaine rentre à Paris en 1882 et renoue avec le milieu littéraire. En 1884, il publie son essai sur les Poètes maudits ainsi que le recueil Jadis et naguère, dans lequel on trouve son fameux « Art poétique » (De la musique avant toute chose, et pour cela préfère l’impair…).

Mais son alcoolisme est toujours là, provoquant chez lui des épisodes de grande violence, il ira même jusqu’à essayer d’étrangler sa mère. Après un nouveau séjour en prison, Verlaine finira dans la déchéance, presque clochard, et meurt de pneumonie le 8 janvier 1896 à Paris à l’âge de 51 ans.

Malgré son côté « asocial » ses talents de poètes ont été reconnus par les siens, et il a porté le titre de « prince des poètes », titre que portera Mallarmé après sa mort.

(Source principale : Henri TROYAT – Verlaine – Flammarion 1993.)

13 réflexions au sujet de “Paul VERLAINE (1844 – 1896)”

  1. Comment peut on être aussi romantique sur le papier et aussi inconséquent ? je n’avais pas cette idée de ce poète même si je savais qu’il avait été tourmenté ! j’aime beaucoup moins du coup………. Mathilde et son enfant n’ont pas eu de chance. belle semaine Jean-Louis

    Aimé par 1 personne

  2. quelle vie en zigzag !! c’est bien joli, l’absinthe verte, mais ça n’aidait certainement pas 😦 … et quelle postérité (pas seulement la reconnaissance officielle dont on parlait l’autre jour, mais l’oeuvre qui vit encore un siècle après et inspire d’autres artistes 🙂 )

    Aimé par 2 personnes

  3. Je te remercie Jean-Louis, je connaissais son parcours ( normal avec Rimbaud, ils sont mes chouchous) toutefois présenté et illustré comme tu l’as fait ( bravo pour la version de Brassens -grand Poète aussi-) je me suis régalée. Cela m’a même motivée à relire certains de ses poèmes aussi intemporels qu’une petite robe noire dans la garde robe des femmes 🙂

    Aimé par 2 personnes

  4. Bonjour Jean-Louis, de qui est la musique du « colloque sentimental » ? Ce n’est pas marqué sur la vidéo… J’aime beaucoup ce poème.
    Verlaine avait sûrement des côtés désagréables mais il me plait tel qu’il était, un personnage fracassant et haut en couleur.

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire