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LA KHOVANTCHINA, de MOUSSORGSKI (1872 – 1880)

La Khovantchina est la dernière œuvre sur laquelle a travaillé MOUSSORGSKI. Il l’a commencée en 1872, réunissant le matériel historique qui allait lui permettre d’en écrire le livret. À la fin de 1873, celui-ci est à peu près achevé, et certaines idées musicales sont déjà couchées sur le papier. Il la délaissera en suite pratiquement pendant toute l’année 1874, au cours de laquelle il s’est consacré à la publication de Boris Godounov après sa création à Saint-Pétersbourg, ainsi qu’aux Tableaux d’une exposition.

Il consacrera ensuite les années 1875 et 1876 à l’écriture des quatre premiers actes, et il faudra attendre 1880 pour qu’il se mette au cinquième acte. Malheureusement, son état de santé allant en se dégradant ne lui permit pas d’achever la partition, son delirium tremens lui faisant perdre une grande partie des facultés créatrices.

C’est l’infatigable RIMSKI-KORSAKOV qui orchestrera la partition ce qui en permettra la création en 1886 à Saint-Pétersbourg. Au XXe siècle, CHOSTAKOVITCH en fera une nouvelle orchestration, probablement plus fidèle au langage musical âpre de Moussorgski.

Le pitch : Dans la Russie de Pierre le Grand (vers 1682), deux factions s’opposent aux réformes que le tsar a entreprises, sur fond de querelles religieuses et politiques. Le camp des streltsy, mené par les princes Khovanski, se révolte contre le tsar. Pierre le Grand qualifie cette révolte de Khovantchina (soit la barbarie des Khovanski) et fait massacrer ses opposants.

Moussorgski la Khovantchina bande annonceCliquez sur la bande-annonce

Ouverture : L’ouverture est le seul morceau qui soit devenu « grand public » et est régulièrement donnée en concert. Le soleil se lève sur la Moskova, éclairant les bulbes dorés des églises.

Moussorgski la Khovantchina préludeCliquez sur l’image

Acte I : À l’aube, une patrouille de streltsy arrive et se remémore avec joie les massacres qu’ils ont effectués la veille. Un clerc entre à son tour (en ces temps-là, il n’était pas donné à tout le monde de savoir lire et écrire.) Le boyard Chakloviti lui demande d’écrire pour son compte une lettre de dénonciation des princes Khovansky, Ivan le père et André son fils, affirmant qu’ils cherchent à détruire la Russie. Comme le boyard sort, des hommes et des femmes du peuple arrivent et, trouvant sur la place un poteau couvert d’inscriptions, demande au clerc de lire ce qui est écrit. Il s’exécute : c’est le compte-rendu des exécutions faites par les streltsy la veille.

Le prince Ivan arrive en grande pompe et les Moscovites le saluent avec ferveur. Quand il sort arrive Emma, une Allemande que le prince André poursuit de ses assiduités pressantes. Entre à son tour Marfa, l’ancienne maîtresse d’Ivan, qui aime toujours celui-ci. Elle prend la défense d’Emma quand le prince Ivan revient. Frappé par la beauté d’Emma, il demande à ses streltsy de s’emparer d’elle, mais André s’oppose à la volonté de son père. À ce moment le prêtre Dosifei entre avec ses Vieux-Croyants (les tenants de la liturgie orthodoxe ancienne). Il sépare les deux princes, confie Emma à Marfa, et appelle à marcher sur Moscou pour défendre la vraie foi.

Acte II : Le prince Golitisine lit une lettre de la tsarine, qu’il a aimée mais dont il se méfie à présent. Marfa entre, proposant de lui lire son avenir. Elle lui prédit la disgrâce et l’exil. Quand elle sort, Golitisne se rappelle ses hauts faits au service de la Russie et demande que l’on tue Marfa.

Le prince Ivan entre et reproche à Golitsine d’avoir affaibli le pouvoir des boyards. Le ton monte entre les deux hommes quand Dosifei arrive et tente de les calmer. Comme les princes veulent le remettre à sa place, il leur révèle qu’il était lui-même prince avant que de devenir un homme au service de Dieu. Il recommande à Ivan de mieux surveiller ses hommes, qu’il juge au service du diable.

Marfa entre en demandant du secours parce qu’on a cherché à la tuer, et que seule l’arrivée des troupes du tsar lui a permis de se sauver. Elle prévient les deux hommes que les soldats du tsar arrivent pour mater la Khovantschina.

Acte III : Dans le camp des Vieux-Croyants, les hommes chantent qu’ils ont vaincu l’hérésie. Marfa arrive discrètement et chante une chanson d’amour. La mère Susanna la surprend et lui reproche cette chanson inspirée par le diable. Mais Dosifei arrive et la défend auprès de Susanna, lui disant que c’est elle l’impie.

Moussorgski la Khovantchina chanson d'amour de MarfaCliquez sur Marfa

Chakloviti s’est approché du camp, et prédit la fin des streltsy avant de partir. Ceux-ci surgissent et chantent des chansons à boire, alors que les femmes les rudoient pour leur mauvais comportement. L’un d’entre eux, Kouzka, chante la ballade de la médisance.

Le clerc arrive, épouvanté, disant que des mercenaires sont en train de cerner le camp des streltsy. En outre, les troupes du tsar arrivent et ont massacré les mercenaires. Les hommes demandent à Ivan quelle attitude tenir, mais celui-ci leur dit de rentrer chez eux et d’attendre dans le calme.

Moussorgski la Khovantchina fin de l'acte IIICliquez sur la fin de l’acte III

Acte IV : Chez le prince Ivan, les servantes chantent pour distraire le prince. Il demande à ses esclaves persanes de danser pour lui.

Moussorgski la Khovantchina Danses persanesCliquez sur l’image

Moussorgski la Khovantchina danses persanes 2Cliquez sur l’image

La danse est interrompue par un messager qui arrive pour le prévenir d’un malheur qui le menace. Chakloviti entre à son tour, porteur d’une convocation de la part de la tsarine. Flatté, Ivan met ses plus beaux habits, mais il est tué dès qu’il sort de chez lui.

À Moscou, le peuple voit une charrette conduire le prince Govitsine en exil. Marfa prévient Dosifei que les mercenaires vont encercler les streltsy pour les massacrer. Le prêtre conclut que le temps de leur disparition dans les flammes est arrivé.

Le prince André entre, à la recherche de Marfa. Il menace celle-ci, qui lui dit qu’il n’a rien compris, que son père est mort et que l’heure de sa fin est proche. Entrent les streltsy portant des billots et des haches. Alors qu’ils s’apprêtent à mourir, on apprend que le tsar les gracie.

Acte V : Dans un ermitage dans une forêt, refuge des vieux-croyants, Dosifei annonce la fin de l’ancienne religion orthodoxe.

Marfa entre accompagnée d’Ivan. Elle espère toujours sauver son amour, mais lui ne pense qu’à son Emma. Elle met enfin le feu au bûcher funèbre, et tous périssent dans le feu, sous le regard horrifié des soldats du tsar qui arrivent à ce moment.

(Sources principales : la production de l’opéra de Paris de février 2022, et le programme associé.)

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9 réflexions au sujet de “LA KHOVANTCHINA, de MOUSSORGSKI (1872 – 1880)”

  1. Grandiose. La musique (envoûtante) , les décors monumentaux, le rouge flamboyant des costumes…. presque 4 h d’un spectacle fascinant.
    Découverte totale pour moi, qui ne connaissais pas grand chose de l’histoire de la Russie féodale au temps des tsars, ni d’ailleurs de l’œuvre complète de Modest Mussorgsky. Du coup, je ne m’y suis plongée que très récemment après avoir lu diverses critiques de la mise en scène d’André Serban de La Khovantchina à Bastille. Et ça m’a passionnée.
    Grand MERCI à toi, J-L, pour ce très beau billet sur cette œuvre majeure de l’opéra russe, et pour le bonus surprise 🤙🤙🤙
    ( De mon côté, j’avais déjà écouté La Khovanshchina sous la baguette de Claudio Abbado, opéra + présentation. Sublime !)
    Bel après-midi ! A bientôt.

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    1. Absolument SOlène. Ce spectacle était fascinant. Tout était beau, décors, costumes mise en scène, avec un beau plateau vocal, et des chœurs au meilleur de leur forme.
      J’ai vraiment passé une très bonne soirée la semaine dernière à Bastille.
      Je te souhaite à mon tour de passer une bonne soirée. 🙂📚🎼

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  2. Bonjour Jean-Louis ! Je ne connaissais pas du tout cet opéra inachevé de Moussorgski et après l’écoute des divers extraits je suis séduite.
    Très belle ouverture, que je suis en train de réécouter.
    Je vois que c’est un opéra très politique, une dénonciation des tzars si je comprends bien.
    Bonne journée !

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    1. J’étais très content de pouvoir le voir et l’entendre « en vrai » à Bastille. Je ne connaissais de cet opéra, outre sa place dans l’histoire de la musique, que son ouverture, qui figurait sur un disque Moussorgski que j’avais quand j’étais jeune (avec la Nuit sur le Mont chauve et les Tableaux d’une exposition).
      Pour l’aspect politique, oui, il est présent. Peut-on pour autant parler de dénonciation des tsars, je ne le pense pas. La liberté de créer n’était pas très grande à l’époque, et la censure très forte.
      Bonne soirée, Marie-Anne.

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      1. C’était magnifique ! Tout : mise en scène, décors, costumes, et bien entendu toute la partie musicale, des instrumentistes aux solistes, et au chœur au meilleur de sa forme. Il n’y avait qu’un bémol (si j’ose dire), une soliste qui, tout en étant très bonne, n’était pas au niveau du reste de la troupe. J’ai vu après qu’elle ne figurait pas dans le programme, j’imagine que ça a été une remplaçante « au pied levé » qui a remplacé la soliste peut-être atteinte du COVID. (La représentation pour laquelle j’avais une place initialement ayant dû être annulée pour cette raison). Si c’est le cas, chapeau, car se lancer sur la scène de Bastille dans ces conditions, il faut le faire !!!! C’est aussi ça, la magie du spectacle vivant.

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