La Fête de la Science se déroule cette année du 1er au 11 octobre 2021 pour la France métropolitaine.
Après vous avoir parlé en 2019 de la représentation des scientifiques sur les scènes d’opéra, je vous propose maintenant, d’aller voir ce qui se passe dans les coulisses, et sur l’utilisation ingénieuse des découvertes scientifiques pour l’éclairage, la machinerie ou les effets spéciaux.
Historiquement, l’éclairage des théâtres se faisait à la chandelle. C’est d’ailleurs ce qui fixait la durée d’un acte, qui était limitée à la durée de la chandelle avant qu’elle ne s’éteigne. À partir de 1720, l’usage de la chandelle a été remplacé par de l’huile, que l’on brûlait dans des appareils spéciaux appelés quinquets. Sous Louis XVIII, on est passé à l’éclairage au gaz, dans l’opéra Aladin et la lampe merveilleuse (1822). Puis, le progrès aidant, l’éclairage est devenu électrique, avec la création des orgues électriques pour pouvoir faire varier les éclairages, les couleurs, ou les rampes d’éclairages sur telle ou telle partie des décors ou sur les chanteurs.
L’application de l’électricité au théâtre ou à l’opéra a donné lieu à des inventions aussi subtiles qu’étranges.
Ainsi, les bijoux électriques de M. TROUVÉ illuminaient les fleurs et les bijoux que portaient les actrices ou les danseuses. Par exemple, aux Folies Bergères en 1884 avec le spectacle les Fleurs lumineuses. Le procédé en est l’emploi de lampes à incandescence et de petites piles portatives de son invention, dont le poids est insignifiant.
En 1893 à Monte-Carlo, lors de la création en version scénique de la Damnation de Faust de BERLIOZ, le ballet des sylphes a fait forte impression, avec le corsage des danseuses orné d’une rose électrique.
En 1890, dans Ascanio de SAINT-SAËNS, Phébus apparaît au milieu des muses en tenant à la main un flambeau de Génie. M Trouvé a eu ici l’idée de dissimuler une lampe à incandescence sous des pierreries de couleur et de dissimuler les accumulateurs dans le corps du flambeau.
Faust, de GOUNOD, s’est prêté à bien des trouvailles. Ainsi à Francfort les spectateurs médusés ont pu voir une fiole qui se balançait dans les airs, d’abord informe, puis se transformant peu à peu en figure humaine. Celle-ci n’est autre qu’une poupée en caoutchouc repliée sur elle-même que l’on déplie petit à petit à l’aide d’un fil. À Londres, c’est l’usage de l’étincelle électrique qui permettait de rendre lumineuses les épées et les cuirasses des personnages en train de se battre en duel. Les épées étaient reliées à des batteries et produisaient des étincelles chaque fois qu’elles se touchaient !
Dans le Freischütz de WEBER, on voyait des têtes de mort s’élever du sol en lançant des étincelles par les yeux et la bouche. Le procédé utilisé est celui de petits fils de fer placés dans ces têtes, et reliés à des piles électriques. Quand le contact est mis, le fil de fer devient incandescent et produit ces étincelles aussi spectaculaires que fantomatiques.
Et dans la scène de la forge de Siegfried de WAGNER, les coups de marteau sur l’enclume donnent l’imitation parfaite d’une vraie forge. La surface en bois de l’enclume était recouverte d’une plaque de fonte et parcourue d’un réseau de fils métalliques, reliés au circuit électrique du théâtre. Quand Siegfried frappe sur l’enclume, un court-circuit se forme et produit ces milliers d’étincelles caractéristiques de la forge !
Cliquez sur Siegfried reforgeant Nothung, son épée
L’incandescence a été utilisée dans la Flûte enchantée de MOZART pour illuminer le diadème de la reine de la Nuit.
Cliquez sur la reine de la Nuit
Je terminerai pour aujourd’hui (mais il y aura une suite) avec l’évocation du théâtrophone, cette invention qui permettait assister au théâtre chez soi, par la double utilisation de microphones pour la captation et du téléphone pour la transmission, à une époque ou ni radio ni télévision n’existaient encore. On sait que Marcel PROUST était un utilisateur de ce théâtrophone.
Et pour tout savoir sur la Fête de la science, et ce qui se passe dans votre région, un seul lien : Fête de la science.
(Source principale : La science au théâtre – étude sur les procédés scientifiques en usage au théâtre moderne, par A. de VAULABELLE et Ch. HÉMARDINQUER, Paris, Henry Paulin éditeur, 1905)
P.S. si je me suis servi pour cet article d’in livre datant de plus de cent ans, les metteurs en scène et les décorateur d’aujourd’hui se servent évidemment des moyens techniques à leur disposition, comme dans le récent Idoménée de CAMPRA monté à l’opéra de Lille.
lumineux et éclairant !!
🙂
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Pas mieux ! 😂
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Bonne journée, Régis.
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Bonne journée zôssi Jean-Louis et bon ouiquande !
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M
Très amusant et intéressant.
L’effet spécial qui m’a le plus bluffé, c’est dans « Les pécheurs de perles ».
Pour l’ouverture, le rideau était ouvert et la scène représentait des pécheuses qui se mouvaient sous l’eau. L’eau occupait toute la scène jusqu’aux cintres et les nageuses montaient et descendaient.
Elles étaient suspendues à des cables mais c’était très bien fait et l’effet était saisissant
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Je me suis servi pour ce billet d’un livre datant de 1905, mais il est évident que le dernières technologies servent aujourd’hui aux metteurs en scène et aux décorateurs. Les effets optiques de l’Idoménée de Campra récemment à Lille étaient bluffants, et je me souviens d’une récente production du Freischütz au TCE où les effets spéciaux étaient réalisés avec des lasers et des hologrammes !
Bonne journée, John Duff.
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Je viens de rajouter une vidéo présentant la scénographie de l’Idoménée de Campra, ça te donnera une idée de ce que l’on peut faire.
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Bonne journée Jean-Louis 💐💐💐
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Grazie Luisa, e buon pomeriggio !
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😘
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Intéressant cette histoire des éclairages !
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Merci Marie-Christine.
Bonne journée.
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Des bijoux électriques c’est une excellente idée pour les rendre plus étincelants ! On devrait remettre ça au goût du jour… Et puis ça servirait d’éclairage, bien utile dans les ruelles sombres de nos quartiers mal famés. Bonne journée Jean Louis!
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Merci, et bonne journée Marie-Anne 🙂.
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