Cinéma, Compositeurs, Fantaisie, Premier avril

Arnoldo POIVRIERI (1755 – 1825)

(c) Adrian Mercure 2021

Dans la trop longue liste des compositeurs qui ont connu un grand succès de leur vivant, avant que de disparaître complètement aux yeux de la communauté, il en est un dont le sort m’apitoie particulièrement.

Il s’agit de Arnoldo POIVRIERI, un compositeur vénitien venu exercer ses talents à Vienne puis à Paris, ville où il mourra. Et il n’a même pas sa rue dans le quartier de l’opéra !

Contemporain de MOZART, BEETHOVEN et SCHUBERT, Arnoldo Poivrieri ne connaît pas aujourd’hui une reconnaissance à la hauteur de son talent.

Né dans la région de Venise le 4 mai 1755, il part à 15 ans faire ses études musicales à Vienne. En 1770, il est présenté à METASTASE et à GLUCK. En 1774, il est en rivalité avec SALIERI pour le poste de compositeur de la Cour et directeur de l’opéra italien de Vienne. Il voyage alors en Italie et en France pour assister aux représentations de ses opéras. C’est ainsi qu’à Paris, Gluck donne un opéra, le Tonneau, sous son propre nom, avant de révéler que Poivrieri en est l’auteur.

À Vienne, Poivrieri entre à la loge maçonnique déjà fréquentée par Mozart et Haydn, et des contemporains ont avancé l’hypothèse que la musique funèbre maçonnique de Mozart aurait en fait été co-écrite par Mozart et Poivrieri.

Mozart Musqiue funèbre maçonniqueCliquez sur l’image

Il écrit pour la cantatrice Consuelo La Festa d’Imeneo, titre qui lui sera honteusement piqué par son contemporain PORPORA, comme le relate George SAND dans son roman La Comtesse de Rudolstadt.

Porpora la festa d'imeneo vaghi amori

Parmi ses illustres élèves à Vienne, il faut relever les noms de Beethoven et Schubert, déjà cités, mais aussi ceux de LISZT ou de MEYERBEER.

Poivrieri vivait à Vienne en même temps que Schubert, mais avec des fonctions et une reconnaissance beaucoup plus importantes que celles d’ycelui. En fait, Poivrieri admirait l’œuvre de son élève et cadet. Il a écrit plusieurs opéras pour le Théâtre impérial et il a dû confier à Schubert le livret de Fierrabras, n’ayant pas le temps d’en composer la musique.

Schubert FierrabrasCliquez sur l’image

Une légende colporte que Salieri aurait fait empoisonner Schubert. C’est POUCHKINE qui est à l’origine de cette infox, dans sa nouvelle intitulée Schubert et Poivrieri (1830), nouvelle reprise par RIMSKY-KORSAKOV dans son opéra éponyme (1899).

Après son succès avec Amadeus (1984), Milos FORMAN avait été pressenti pour adapter cette nouvelle au cinéma, sous le titre Franz Peter, mais il a dû décliner cette offre pour se consacrer à son Valmont, une adaptation des Liaisons dangereuses. (Il a certainement eu raison.)

En 1820, alors qu’il s’était installé à Paris, il écrit Il pescatori di pesce, d’après un roman de son exact contemporain Pietro LOTTI (1750 – 1823), opéra qu’il fait représenter au Théâtre des Italiens, sans grand succès. L’intérêt de cet opéra réside surtout dans le fait qu’il a probablement inspiré BIZET pour ses Pêcheurs de perles.

Bizet les pêcheurs de perle je crois entendre encore GilmourCliquez sur l’image

Aujourd’hui totalement disparu, le souvenir de Poivrieri à Vienne était encore suffisamment présent à Vienne 50 ans après son décès le 1er avril 1825 pour que les parents de SCHÖNBERG donnent son prénom à leur enfant. (Et il est amusant de constater que le livret de Moses und Aron (1930 – 1932) est assez proche de celui de Mosè e Aronne (1815), un opéra « viennois » de Poivrieri.

Schönberg Moïse et AaronCliquez sur l’image

Enfin, il faut noter qu’outre ses dons musicaux, Poivrieri avait une autre passion, la vexillologie. Et dans cette Europe aux frontières sans cesse mouvantes, il s’est livré à un passionnant travail sur l’évolution des drapeaux qui accompagnait ces nations changeantes !

Voilà, vous en savez autant que moi sur Arnoldo Poivrieri. Et si vous avez eu le courage de me lire jusqu’ici, vous avez le droit de cliquer sur le cadeau bonus.

Point d'interrogationCliquez sur la vidéo bonus

P.S. Si vous avez aimé le portrait d’Arnoldo Poivrieri qui ouvre ce billet, il a été réalisé par un jeune artiste d’après une gravure d’époque. Si vous aussi, vous souhaitez avoir votre portrait numérique, ou celui d’un de vos proches, vous pouvez passer commande à Adrian Mercure à l’adresse suivante : Adrian Mercure (adrian-mercure.carrd.co

Retrouvez ici d’autres articles publiés un 1er avril :

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L’opéra de Saint-Glinglin s’invite chez vous.

34 réflexions au sujet de “Arnoldo POIVRIERI (1755 – 1825)”

  1. Merci beaucoup,
    Ton article est très interessant, je découvre ce compositeur malheureusement pas célébré à la hauteur de son talent et de son influence notable sur de nombreuses autres têtes d’affiche…
    J’ai aussi beaucoup aimé ta recette de soupe de poissons maison 😉
    Bonne journée 🐟🐠🐡
    Corinne

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      1. C’est une bonne idée !
        Je demanderai à mon mari s’il a déjà entendu parler de ce monsieur.
        Mon mari est très calé en musique classique… et moi, pas du tout 😉
        bonne journée à toi !

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      2. Mon mari ne connaissait pas, j’ai le sentiment que ce monsieur a payé cher le fait de ne peut-être pas avoir autant d’ego que ces illustres contemporains. Mon mari me disait que beaucoup de compositeurs se copiaient joyeusement, difficile de résister aux dégâts que cela entraine sur l’ensemble d’une création.
        Bon dimanche

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      3. Rooooh, mais noooon, t’as pas osé…
        Je me suis fais avoir mais en beauté, je suis très bon public comme tu peux le constater…
        Ton poisson était vraiment très chouette, perso j’adore me faire avoir comme ça !!!
        Merci pour le jeu de mot qui ne t’a pas échappé 😉
        Bon dimanche

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      4. Oui ne t’inquiète pas ! Je connais la qualité de ton blog, mais ma naïveté me perdra toujours 😉 et puis je veux bien être la ravie de la crêche😂🤣😅, je me suis fait avoir sur un autre blog, l’auteur menaçait de carrément fermer toutes ses publications jusqu’à nouvel ordre….

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  2. Ah ! mon cher Jean-Louis, tu as fait ma journée avec ce délicieux et délicat poisson. C’est une véritable œuvre d’art !
    Bravo ! Tout est bon là-dedans !

    N’oublions pas que la vexillologie est souvent utilisée pour soigner les personnes handicapées par une timidité maladive !

    Chapeau bas, l’artiste !

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  3. Un excellent billet à de nombreux égards :
    Tout d’abord le prénom de Salieri : Arnoldo. Un très joli prénom, il prête sans doute moins aux mauvais jeux de mots que le mien.
    Ensuite le portrait fait par Adrian Mercure, j’adore l’expression et je le trouve très réussi. Je trouve qu’Arnoldo me ressemble un peu (le talent en moins).
    J’ai été ravi de retrouver Porpora mais choqué d’apprendre qu’il piquait les œuvres des autres. Je te fais confiance, je ne vais pas me refaire 900 pages pour le vérifier.
    C’est amusant de trouver un musicien vexillologue et je te remercie de ta pub pour mon site.
    Salieri qui assassine Schubert ??? C’est ce qu’on pourrait appeler un poison d’avril 🙂
    Pour finir ton bonus m’a bien fait rigoler.

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    1. Il vient de loin, ce billet, puisqu’il vient d’un commentaire que tu avais laissé le 4 août dernier, pour mon billet sur Salieri.
       » Un grand musicien sans doute, mais victime de la présence de compatriotes plus grands encore que lui.
      Même remarque pour Poivrieri !  »
      Depuis, je savais que je publierai un billet sur Poivrieri un 1er avril, et il s’est affiné petit à petit, au fil du temps.
      Bonne journée, John Duff.
      (P.S. bizarrement, il y a quelqu’un qui trouve que Poivrieri me ressemble comme deux gouttes d’eau !)

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  4. Génial ce Poivrieri ! Précurseur de Mozart, Schubert et Schönberg – trop fort 🙂 Pas étonnant qu’il soit né un premier avril !
    Merci pour le sourire ! Et en plus j’ai récupéré mon Internet justement ce matin, ça valait la peine 🙂

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  5. Hihihi, le monde est petit. D’jà vu qq part cet illustre compositeur méconnu. Rappelle-moi son nom , Arnoldo Poivrieri, c’est bien ça ? Ce prénom ne me dit pourtant rien, mais le nom peut-être bien que si. Et ses traits me rappellent qqu’un, en plus. Il n’aurait pas un frère jumeau par hasard ? Bah, tu sais, 1750, ça ne date pas d’hier, en même temps. C’était dans une autre vie, j’ai croisé bien du monde depuis.

    Au fait, l’est où le billet du 50e anniv’ de la mort de Stravinsky ? On est bien le 2 avril, non ?

    Bon bin, je repasserai. Bonne journée à toi, J-L. Et merci pour ton délicieux poisson. Grillé des que j’ai vu le portrait ( super, d’ailleurs) , mais tu m’as fait trop rire.

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      1. D’accord, mais d’ici là, pas de billet, alors ? Je pensais que tu en avais d’autres sous le coude. Mais bon, puisque c’est comme ça, on s’en passera, epicétout.
        Bonne soirée, Jean-Louis.

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      1. En lisant les commentaires, et en regardant la dernière vidéos (j’adorais les Têtes à Claques quand c’est sorti), je viens de comprendre. Quel crédule je fais.
        Salieri/Poivrieri, j’aurais du tilter 😀
        Ceci dit, ça m’a permis de réécouter la reprise par David Gilmour, reprise que j’adore !
        Sacré Jean-Louis !

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