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ELLE VOULAIT QU’ON L’APPELLE NEW YORK…

… quelle drôle d’idée, comme ne l’a pas chanté Julien CLERC.

Après Paris, je vous propose un nouveau billet consacré à une grande ville. Aujourd’hui New York.

Pays jeune, les États-Unis d’Amérique n’ont pas une longue tradition d’opéras ou de musique dite classique.  Toutefois, de nombreux compositeurs européens ont été invités à diriger aux U.S.A.

Un des premiers « grands » compositeurs à traverser l’Atlantique a été TCHAÏKOVSKI, qui a été invité au Carnegie HALL de New York pour son inauguration. Il y a dirigé, le 5 mai 1891, sa Marche solennelle du couronnement.

Tchaïkovski Marche solenelle du couronnementCliquez sur l’image

Le Tchèque Antonin DVORAK l’a suivi de peu. On lui a confié la direction du Conservatoire de New York, où il sera également professeur de composition de 1892 à 1895. La découverte des musiques et rythmes américains lui inspirera sa neuvième symphonie, dite « du nouveau Monde », ou son Quatuor américain

Dvorak Quatuor américain lentoCliquez sur le quatuor

En 1907, Giacomo PUCCINI vient en Amérique où il assiste à la création américaine de Madame Butterfly au Metropolitan Opera (le MET). Il a l’occasion de voir la pièce The Girl of the Golden West de David BELASCO (également l’auteur de la pièce dont il s’était inspiré pour Butterfly), ce qui lui donne l’idée d’écrire un opéra-western. Ce sera La Fanciulla del West (la Fille du Far West) dont la création mondiale aura lieu au MET en 1910, sous la direction de TOSCANINI.

Puccini la fanciulla del west Ch'ella mi creda libero (MET)Cliquez sur Dick Johnson (Jonas Kaufmann)

L’autrichien Gustav MAHLER a été chef du MET de New York en 1908, mais il est reparti à Vienne au bout d’un an.

Suite à la révolution russe de 1917, on voit partir aux Amériques les deux Sergeï, PROKOFIEV (en 1918) et RACHMANINOV. L’exil de Rachmaninov, coupé de ses racines slaves, tarira une partie de sa verve créatrice. Prokofiev, lui, fera le choix de retourner en URSS au début des années ’30. Son opéra l’Amour des trois oranges est une commande de l’opéra de Chicago.

Maurice RAVEL fera une tournée à travers tous les États-Unis. Ce sera pour lui l’occasion de faire la connaissance de Georges GERSHWIN. Cette tournée aux États-Unis occupe une bonne partie du Ravel de Jean ECHENOZ.

Côté austro-allemand, nombreux sont les musiciens, souvent d’origine juive, qui ont été chassés par le régime nazi comme des artistes dégénérés. Ne pouvant se faire jouer, presque tous ont dû fuir l’Allemagne.

Ainsi, Alexandre ZEMLINSKY (1871 – 1942), digne héritier de Richard STRAUSS, Arnold SCHÖNBERG (1874 – 1951), Erich KORNGOLD (1897 – 1957) et le Tchèque Ernst KRENEK (1900 – 1991) ont dû migrer aux U.S.A, et leur production musicale (hormis celle de Schönberg), pourtant reconnue avant 1933, est aujourd’hui pratiquement inconnue.

Le Hongrois Béla BARTÓK (1881 – 1945) a lui aussi dû migrer aux States en 1940. Il vit, pauvrement, des commandes que ses confrères admiratifs lui passent, et c’est ainsi qu’il crée la sonate pour violon seul, une commande de Yehudi MENUHIN, le 3e concerto pour piano ou encore son concerto pour orchestre. Il meurt à New York en 1945.

Bartok sonate pour violon seulCliquez sur l’image

Enfin, je ne peux pas écrire un billet sur New York sans mentionner la comédie musicale West Side Story, ce Roméo et Juliette contemporain dont la musique est signée Léonard BERNSTEIN.

Bernstein West Side Story PrologueCliquez sur l’image

Et puisque je suis au cinéma, je ne peux pas résister à l’ouverture du génial Manhattan (1979) de Woody ALLEN.

Gershwin Rhapsody in blue ManhattanCliquez sur Manhattan

23 réflexions au sujet de “ELLE VOULAIT QU’ON L’APPELLE NEW YORK…”

  1. Merveilleuses musiques. Merci pour ces fabuleux morceaux. Je me suis régalé. Pour West Side Story et Manhattan, je n’avais jamais remarqué combien le découpage Image et son était aussi parfait !
    Le Bartok par Menuhin est un sommet !
    Bonne journée Jean-Louis !

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    1. Oui Régis. Pour West Side Story, c’est presque une évidence.
      Pour Woody ALLEN, ça l’est moins (évident), et pourtant, c’est un cinéaste qui travaille ses plans au millimètre, et qui soigne les bandes-son d’une manière tout à fait remarquable.
      Pour BARTOK, j’ai hésité entre cette sonate est le concerto pour orchestre, et ai finalement retenu la sonate, probablement moins connue que le concerto.
      (Re)bonne journée à toi.

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      1. Je connaissais peu de Bela Bartok, mais pas du tout cette pièce, très belle et très forte. Je vais essayer d’écouter un autre interprète, Menuhin est tellement au-dessus du lot ! Comme Rostro au violoncelle !

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  2. Merci Jean-Louis d’avoir présenté ces grands noms de la musique venus conquérir le nouveau monde. J’apprécie particulièrement Dvorak.
    Quant à notre ami american Gershwin, sa musique jazzy fait honneur à l Amerique. Et je n’oublie pas la musique Klezmer puisque tu parles des musiciens juifs venus aux États-unis.
    Bon dimanche
    John

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  3. Encore un billet que j’ai beaucoup aimé. Beaucoup de choses à dire mais je n’en dirai qu’une seule.
    Peut-être par hasard mais venant de toi je n’y crois pas une seconde mais je viens juste de regarder « La Fanciulla del West » que j’ai beaucoup aimé. Ton extrait avec Jonas Kaufmann est très très bien mais la scène suivante avec où Minnie convainc les cow-boys de les laisser partir n’est pas moins extraordinaire.
    Je viens de vois qu’il y avait un billet sur Iolanta, je vais écouter ça.

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    1. Qui sait où va se nicher le hasard ! (Felix qui potuit causas rerum cognoscere, comme il est écrit dans Astérix !)
      Ce billet sur l’Amérique, j’en ai eu l’idée il y a deux semaines en écoutant une émission sur France Musique dans la ouature, en allant à Chamboulive travailler Carmen. Au début, je pensais juste à Tchaïkovski, Dvorak et Prokofiev, plus les musiciens juifs, et au final, ça a donné ce billet.
      Il est vrai que la Fanciulla del West est venu se rajouter un peu plus tard, peut-être même parce que le MET nous l’a proposé, va savoir !
      Bonne journée, John Duff.

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  4. Ce billet est une super belle surprise pour moi. Rempli de pépites musicales du début jusqu’à la fin. Découvertes ou pas, un régal !
    Depuis qq temps, chaque nouveau billet est celui que je préfère. En fait, je les « préfère » tous 😊
    ( Puis, en plus j’ai toujours une de ces envies d’aller faire un tour de l’aut’ côté de l’Atlantique ! ✈)
    Merci à toi ( encore une fois) pour tout, du coup 🙏

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      1. Je ne te le dis plus, mais lorsque je n’ai pas le temps de tout écouter, j’enregistre le billet. Et donc, c ‘est que j’ai fait hier encore une fois.

        Aussi dans mon précédent commentaire, je te parlais de « découverte ou pas ». La découverte ( la plus étonnante) pour moi, ce fut l’Opéra western de Puccini ( La Fanciulla del West, La fille du Far-West).
        Avec un de mes ténors préférés ( en plus !), Jonas Kaufmann dans le rôle de Dick Johnson/Ramerrez. D’ailleurs, tu avais déjà mis une vidéo du Metropolitan Opera: Dick Johnson/Kaufmann, « Ch’ella mi creda libero e lontano” ( Act III) , juste magnifique. Mais je ne connaissais pas l’histoire.
        Qui se termine plutôt pas mal, puisque les mineurs vont les laisser partir, lui et Minnie. Du coup, j’ai vu des extrait ici et là. Mais je reste quand même sur ma faim. J’ai envie de le voir, moi, maintenant ( ça a l’air trop bien) – pff c’est malin.

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      2. Caramba encore raté !
        C’est justement l’opéra qui était mis en ligne hier par le MET (avec le décalage horaire). (Je ne l’ai pas regardé non plus…)
        Mais il y aura d’autres occasions. En tout cas, je l’ai en DVD, et en ferai une vision précise en vue d’un billet sur cet opéra, avec de larges extraits !
        Je te souhaite une très bonne journée, SOlène. 🌞🎼📖☕️

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      3. Euh….. pour moi, pas « encore raté », non, parce que je ne le savais pas, et par ailleurs nous sommes en famille ( jusqu’à samedi)….
        Bah, je vais voir si je trouve le DVD sur Amazon.
        Bonne soirée, Jean-Louis !

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  5. Je connaissais bien sûr La célèbre Symphonie du Nouveau Monde, mais ce quatuor de Dvorak est tout à fait poignant et beau !
    Puccini, toujours puissant et impressionnant – un grand moment d’émotion.
    C’est drôle que tu parles du « Ravel » d’Echenoz car je l’ai justement acheté récemment et pas encore lu.
    Bravo pour ce billet new-yorkais très enthousiasmant !

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