littérature, Mallarmé, Oulipo, Poésie

« SES PURS ONGLES TRÈS HAUT DÉDIANT LEUR ONYX », de MALLARMÉ

Après Tel qu’en lui-même enfin l’éternité le change, je vous propose un autre poème traité à la sauce OuLiPo, choisi dans le riche corpus mallarméen. (Rappel du principe, je prends un poème parmi mes préférés, et j’illustre les images de ce poème par des citations musicales en rapport avec ces images.)

Pour ce billet, rêvons ensemble avec le sonnet en « ix ».

 

Ses purs ongles très haut dédiant leur onyx,

L’angoisse, ce minuit, soutient, lampadophore,

Auber Gustave III minuitCliquez sur la pochette du disque

Maint rêve vespéral brûlé par le Phénix

Que ne recueille pas de cinéraire amphore.

 

Sur les crédences, au salon vide, nul ptyx

Aboli bibelot d’inanité sonore,

(Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx,

avec ce seul objet dont le néant s’honore.)

Lully Alceste il faut passer tôt ou tardCliquez sur l’image

 

Mais proche la croisée au nord vacante un or

Agonise selon peut-être le décor

Des licornes ruant du feu contre une nixe.

Wagner Crépuscule finalCliquez sur l’image

 

Elle défunte nue en le miroir encor

Que, dans l’oubli fermé par le cadre, se fixe

Des scintillations sitôt le septuor.

Beethoven Septuor op. 20Cliquez sur le septuor

 

Citations :

Ce minuit : Dans Gustave III, roi de Suède, d’AUBER, une scène se passe à minuit au pied d’un gibet où il faut cueillir une herbe magique capable d’arrêter les amours fatales.

Des pleurs au Styx : Extrait d’Alceste, de LULLY, « Il faut passer tôt ou tard, il faut passer dedans ma barque », Air de Carron (ou Charron) qui fait passer le fleuve Styx aux morts pour les conduire aux Enfers.

Du feu contre une nixe : À la fin du Crépuscule des dieux de WAGNER, Brünnhilde dresse un bûcher funéraire pour le corps de Siegfried, ce qui fait monter l’eau du Rhin et les filles du Rhin (des nixes donc) peuvent récupérer leur or.

Sitôt le septuor : J’ai choisi pour illustrer ce septuor mallarméen le Septuor opus 20 de BEETHOVEN.

 

12 réflexions au sujet de “« SES PURS ONGLES TRÈS HAUT DÉDIANT LEUR ONYX », de MALLARMÉ”

  1. Ce poème de MALLARMÉ est certainement un des plus obscurs à « comprendre » (mais comprend-on jamais un poème…) La contrainte que Mallarmuche s’était imposé était d’écrire un sonnet avec les seules rimes en « ix » et en « or ». Il est allé jusqu’à inventer un mot, le Ptyx, car il ne disposait pas d’assez de rimes en « ix » dans le français de son époque (on n’avait pas encore inventé l’archéoptéryx ». Qu’eût été ce poème si ce dernier mot avait existé !

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  2. Tu sais quoi ? Décidément, j’adore ( autrement dit je kiffe trop ces billets). Merci monsieur #toutlopéraoupresque 😘
    Et tout tout beau samedi à toi, Jean-Louis. A plus. Oui, je repasserai dès que j’aurai un moment dans la journée pour les vidéos.

    Aimé par 1 personne

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