On l’a vu dans le premier billet consacré aux Métamorphoses d’OVIDE, il s’agit d’un long poème écrit au premier siècle de notre ère et reprenant les contes et légendes de cette époque, et les métamorphoses que les dieux ont pu infliger, en bien ou en mal, à des humains ou des nymphes qu’ils voulaient récompenser ou punir après leur mort.
Le livre III commence par le destin de Cadmos parti chercher sa sœur Europe, enlevée par Zeus. Après différentes péripéties, il fonde la ville de Thèbes et reçoit de Zeus son épouse, Harmonie, fille d’Arès et d’Athéna. La version latine de cette légende a servi au livret du premier opéra de LULLY, Cadmus et Hermione. (1673). (Eh oui, Hermione = Harmonie, et donc dans une version grecque de Harry POTTER, Hermione GRANGER se serait appelée Harmonie Granger.)
On retrouve ensuite Cadmos, et sa fille Sémélé, dont Jupiter tombe amoureux. Pour venger cet outrage Junon, qui a pris lapparence de sa nourrice Béroé, conseille à Sémélé de vérfier la déïté de son amant en lui conseillant de demander à Jupiter de se présenter devant elle sous son apparence divine. Bien évidemment, quand ceci arrive, Sémélé est brûlée vive par la vue du porteur de la foudre divine. Cette légende a été abondamment mise en musique, notamment par Haendel dans son « operatorio » Sémélé.
Le livre se poursuit avec la légende de Diane et Actéon. Le chasseur Actéon, petit-fils de Cadmus, surprend un jour Diane prenant son bain, nue. Pour le punir, Diane le métamorphose en cerf et le pauvre Actéon finit dévoré par sa propre meute ! Marc-Antoine CHARPENTIER a écrit un opéra (une pastorale) sur le thème d’Actéon.
Cliquez sur Diane s’apprêtant à prendre son bain loin du bruit et du monde
On retrouve ensuite Tirésias, celui des Mamelles de Tirésias de Guillaume APOLLINAIRE. Il a connu une aventure proche de celle d’Actéon. Alors qu’il avait surpris l’accouplement de deux serpents dans une forêt, ce qui lui valut d’être transformé en femme, ce qu’il resta pendant sept ans.
Suivent les amours d’Écho pour Narcisse, qui seront mises en musique, elles, par GLUCK. Narcisse était un éphèbe d’une beauté exceptionnelle, dont la nymphe Écho était amoureuse. Dédaignée par Narcisse, elle en appelle au ciel qui la venge. Un jour, alors qu’il buvait dans une source, il tombe amoureux de son reflet (il a enfin trouvé quelqu’un digne de sa beauté), mais ne réussit pas à s’en faire aimer. Dès lors, il dépérit en contemplant son image, sous les yeux d’Écho qui répète la fin de ses phrases. Après sa mort, on retrouva à sa place les fleurs blanches qui porteront désormais son nom de Narcisse.
Dans le livre IV, outre les innombrables coucheries et jalousies entre dieux et déesses, on trouve la légende de Pyrame et Thisbé, un archétype du mythe moderne de Roméo et Juliette. Deux jeunes gens s’aiment malgré l’opposition de leurs parents. Une nuit où ils se sont donné rendez-vous sous un mûrier, Thisbé arrivée la première doit s’enfuir à la vue d’une lionne à la gueule ensanglantée. Elle laisse tomber son voile que la lionne alors salit. Pyrame arrivant, et trouvant le voile de Thisbé ensanglantée se suicide de désespoir. Quand Thisbé revient et voit le corps de son amant sans vie, elle se suicide à son tour.
Il existe de nombreuses adaptations lyriques de ce drame. Je vous propose ici celle de HASSE, Piramo e Tisbe (1768).
Le livre IV nous présente aussi, outre les célèbres mythes de Tantale et de Sisyphe, les aventures de Persée.
Persée était chargé de tuer la Méduse. Son exploit accompli, grâce notamment à un casque d’invisibilité (eh oui, si Harry Potter s’était passé dans la Grèce antique, il n’aurait pas eu une cape d’invisibilité, mais un casque d’invisibilité) et sur le chemin du retour, il délivre la princesse Andromède, qui devait être livrée à un monstre marin, et l’épouse.
On retrouve à nouveau Lully qui a écrit son opéra Persée en 1682.
Cliquez sur Persée et Andromède
On trouve aussi Persée dans le Benvenuto Cellini de BERLIOZ, puisque cet opéra se passe pendant que le génial sculpteur/orfèvre travaille à cette statue, une commande du pape.
Et pour finir sur une note plus légère, voici une version alternative de la légende de Narcisse et Écho par les Frères Jacques.
Cliquez sur les Frères Jacques
Ne manquez pas prochainement sur ce blog la suite des aventures des Métamorphoses d’Ovide.
lovely
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Thank you, Michael.
Have a good day ! 🙂
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Très joli ce Persée de Lully, les danses sont très gracieuses et le « deus ex machina » de Vénus est assez réjouissant …A l’époque, je vois qu’on chantait en roulant les « r », ça sonne un peu étrange.
Merci aussi pour les Frères Jacques, toujours sympa à écouter et la partition du piano n’a pas l’air si simple !
Bonne journée Jean-Louis !
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Merci Marie-Anne pour tes commentaires toujours pertinents !
Oui, c’est amusant pour rrr à rouler (ou pas), j’ai eu l’occasion de chanter avec interdiction contractuelle de les rouler (sic !) et aussi avec des chefs qui les faisaient sur-rouler. Personnellement, je préfère ne pas les rouler, mais à la fin c’est toujours le chef qui a raison !
C’est comme pour la prononciation du latin. En définitive, il faut connaître les intentions du compositeur et savoir s’il a déposé de la musique sur les syllabes « iésou » ou « jésu » pour retrouver une « vérité » d’interprétation.
Très bonne journée à toi.
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Ah merci pour ces explications ! Je croyais bêtement que les chanteurs étaient laissés libres de rouler ou pas 🙂 Mais en effet, tout cela dépend du contexte … Bon dimanche Jean-Louis !
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Il y a même un « métier » de l’opéra qui est Chef de chant ! Le (ou la) chef de chant est là pour harmoniser la manière dont les différents chanteurs ou choristes prononcent, en fonction du style de la musique interprétée (et de la langue chantée, bien entendu !)
Bonne soirée à toi, Marie-Anne.
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Stunning, beautiful work!
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