Divers, Oulipo, Poésie

EL DESDICHADO, de Gérard de NERVAL

Ce billet inaugure une nouvelle catégorie, la catégorie OULIPO (OUvroir de LIttérature POtentielle), à laquelle je raccrocherai les billets déjà écrits sur PEREC ou QUENEAU.

Pour cette première création, je vais partir du poème « El Desdichado » de Gérard de Nerval, avec la contrainte oulipienne d’associer aux substantifs une citation musicale extraite de l’univers de l’opéra.

Je suis le ténébreux, le veuf, l’inconsolé,

Le prince d’Aquitaine à la tour abolie,

Ma seule étoile est morte, et mon luth constellé,

Porte le soleil noir de la mélancolie.

rameau castor et pollux tristes apprets

Dans la nuit du tombeau, toi qui m’a consolé,

Rends-moi le Pausilippe et la mer d’Italie,

La fleur qui plaisait tant à mon cœur désolé,

Et la treille où le pampre à la rose s’allie.

berlioz le spectre de la rose crespin

Suis-je Amour ou Phébus, Lusignan ou Byron ?

Mon front est rouge encore du baiser de la Reine ;

J’ai rêvé dans la grotte où nage la sirène…

haendel alcina ombre pallideCliquez sur Alcina

Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Achéron :

Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée

Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée.

Citations musicales:

Le veuf : La Veuve joyeuse de LEHAR.

L’Étoile de CHABRIER

Le soleil noir : Tristes apprêts, pâles flambeaux (Castor et Pollux de RAMEAU) : Télaïre, fille su soleil, renonce à la lumière de son père.

Tombeau : Roméo et Juliette de GOUNOD, Roméo vient près du tombeau où le corps de Juliette repose.

La fleur : Carmen de BIZET, « La Fleur que tu m’avais jetée ».

La rose : « Le spectre de la rose », des Nuits d’été de BERLIOZ.

Du baiser : D’amour l’ardente flamme de La Damnation de Faust de Berlioz. Marguerite, abandonnée par Faust, se souvient des baisers d’amour qu’ils échangeaient.

Dans la grotte : « Ombre pallida » de Alcina de HAENDEL. Dans sa grotte, la magicienne Alcina invoque les esprits pour se venger d’un trahison.

La lyre d’Orphée : renvoi vers l’Orfeo de MONTEVERDI.

Si cet article vous a plu, n’hésitez pas à le faire savoir, je pourrais envisager de maltraiter ainsi d’autres poèmes. Et si vous aimez Gérard de Nerval, vous pourriez aimer Fantaisie.

26 réflexions au sujet de “EL DESDICHADO, de Gérard de NERVAL”

    1. Belle soirée à toi également, SOlène, mais avant demain, toi qui est proche des rythmes de la nature, peux-tu me dire le jour officiel de l’équinoxe de printemps cette année ?
      C’est le 20 ou le 21 Mars ? (J’ai un billet à publier dans la série « les 4 saisons », série commencée au solstice d’hiver, s’il t’en souvient.)

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      1. Ah merci SOlène. Donc demain matin, lever à l’heure où blanchissent les aurores pour terminer mon billet sur l’équinoxe de printemps. Derrière j’enchaîne pour publier le 21 mon billet sur les Contes d’Hoffmann, d’OFFENBACH, dont on célébrera le bicentenaire de la naissance.
        Les gens ne s’imaginent pas comme c’est dur la vie de blogueur ! 😘

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  1. J’ai beaucoup aimé « Tristes apprêts, pâles flambeaux » : cela m’a fait penser à une musique de film… Un régal des oreilles…
    En regardant les images du « tombeau » : j’avoue avoir pleuré car cela m’a rappelé mon père… Il était si beau… Cela a dû me marquer car ce fut le premier enterrement auquel j’assistais…
    Aujourd’hui encore je revois son doux visage… Ça m’a fait du bien de pleurer… Je l’aimais tant…
    En écoutant « Rose » j’ai trouvé que la voix de la Cantatrice était vraiment sublime…
    Mais le best of the best que j’ai adoré fut bien « La grotte »…
    Un style léger et aérien… Tout ce que j’aime…
    Merci pour ces jolis partages que je prends un réèl plaisir à écouter… 💋💋💋

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    1. Hihihi, pour en savoir plus sur l’Oulipo, l’ouvrage de référence est « La Littérature potentielle », collections Idées Gallimard, 1973, mais il y a beaucoup d’autres titres qui en causent.
      J’ai sur mon blog une catégorie OuLiPo qui permet d’accéder à ceux de mes billets qui traitent de l’OuLiPo, notamment « La Disparition » ou « La Vie, mode d’emploi » de PEREC ou encore les « Cent mille milliards de poèmes », de QUENEAU.
      Sinon, il existe des sous-catégories, telles que l’OuBaPo (Ouvroir de Bande dessinée Potentielle), l’OuLiPoPo (Ouvroir de Littérature Policière Potentielle), etc.
      Bonne journée, Carnets Paresseux. 🙂🌞

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      1. La filiation pataphysique ==> OuLiPo se fait naturellement via Raymond Queneau, Grand Satrape du collège de Pataphysique et cofondateur de l’OuLiPo. D’ailleurs, il semble me souvenir qu’au début, l’OuLiPo était une branche de la Pataphysique.
        Bonne soirée, Carnets Curieux, et mes amitiés aux trois petites pommes, la rouge, la jaune et la verte (et la bleue aussi, si c’est un dragon, autant ne pas le froisser.)

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      2. oui, j’ai aussi l’impression que la filiation entre la science des solutions imaginaires et la littérature potentielle est étroite, pour notre plus grande joie !
        je transmets tes amitiés, mais la pomme bleue, un dragon ? tu vas nous la vexer !!

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